Cette semaine notre attention s'est posée sur le livre de Rebecca Lighieri, d'ores et déjà couronné par le Prix de la ville d'Arcachon. Mais encore sur celui d'Arnaud Cathrine qui, lui, a situé son livre à Arcachon. Et enfin sur celui de Julien Decoin qui n'a, pour sa part, pas encore quitté ses chères îles anglo-normandes.
Les enfants de l'été de Rebecca LIGHIERI aux éditions P.O.L., 19 euros.
Le surf est un style de vie que Rebecca Lighieri connait certainement très bien mais qui, dans Les garçons de l’été, est largement chahuté au point de ressentir de la part de celle-ci une envie non feinte de désacralisation.
Pourtant, c'est par une communion quasi idéale entre l'homme et la nature que débute son histoire :
« j'ai embrassé l’aube d’été. Mieux, je l’ai épousée, je n’ai fait qu’un avec le ciel virant du rose au bleu, avec la lumière encore fragile mais qui promettait un temps caniculaire, je n’ai fait qu’un avec la houle, avec l’écume, avec l’eau qui clapotait autour de ma planche ».
Cette pratique du surf adulée sur la côte atlantique, en l'occurrence sur une plage des Landes, se déplace subitement sur l’île de La Réunion où s’est produit un drame qui entache désormais la vie de Mylène et celle de ses fils. L’un d’eux vient en effet de perdre une jambe suite à une morsure de requin.
Commence alors une véritable descente aux enfers que rythme le chœur d'une famille en décomposition. Mylène (la mère), Thadée et Zachée (ses deux fils), Cindy (sa fille) et Jérôme (le père) sont embarqués dans une tragédie aux accents bibliques.
Haine, rancœur, trahisons et jalousies, plus voraces les unes que les autres, orchestrent l’écriture incisive de l’auteur.
Ces vies passées à la recherche des meilleurs « spots » agissent, si l’on y gratte en profondeur, comme des révélateurs de l’âme, plus noire que ces corps noircis par le soleil, toujours à la recherche de la meilleure vague.
A la place du coeur, saison 2 d'Arnaud CATHRINE, aux éditions Robert Laffont, 16,50 euros.
Existerait t-il un spleen « Cathrinien » ? A la place du cœur, la série romanesque pour adolescents (mais pas seulement) que nous livre Arnaud Cathrine tendrait à le prouver.
Écrit dans l’optique de raconter le choc des attentats de Paris de janvier et novembre 2015, l’épisode 2 débute l’été où Niels, depuis Bordeaux, descend enfin sur le Bassin d'Arcachon, gage de plaisirs de mer et de soleil. Seul nuage au programme, la venue de son cousin Caumes que les lecteurs de l'épisode 1 connaissent bien et qui savent combien son année fut difficile. Niels pas vraiment.
Les deux garçons ne pourront revivre les vacances qui ont forgé leur enfance sur le bassin. Les rites de l’adolescence sont assortis d’un goût amer qui dénature la relation entre les deux cousins. Leur complicité qui semble désormais perdue a engendré une distance étrange sans que la raison en soit clairement avancée.
La deuxième partie du livre met en scène la vie parisienne de l’ex-fiancée de Caumes, Esther, son premier amour. Pour elle, les études, difficiles elles aussi, sont censées lui faire oublier son amour perdu.
Arnaud Cathrine qui a toujours su gardé le ton de la jeunesse se préoccupe cette fois d'une génération ayant vécu les plus grands soubresauts de son époque. Cette voix littéraire si spécifique place l'auteur dans une catégorie spéciale, celle des artistes du sentiment.
Soudain le large aux éditions du Seuil, 18 euros.
Soudain le large est la rencontre fortuite d’une jeune repêchée dans le port de Cherbourg et de son sauveteur inopiné qui l'a hissé sur son voilier.
Le réchauffement du corps par le garçon de la jeune femme a, de ce fait, non seulement reporté les intentions mortifères de la demoiselle mais encore, provoqué une étincelle chez les deux jeunes gens qui servira de romance amoureuse au livre. Ainsi débute une excursion marine entre Cherbourg et Alderney (via Paris) que Julien Decoin, bien à l’aise dans cette région du Nord-Cotentin, prédestine vers une fin heureuse.
De Goury à Barfleur avec en point de mire Cherbourg, les jeunes amants voguent chacun de leur côte à destination d’Alderney. Des fois qu'ils n’auraient pas immédiatement saisi l’importance de leur première rencontre, le voilier responsable leur servira d’indice.
Julien Decoin a toute la fraîcheur nécessaire pour ne pas faire sombrer son roman dans les profondeurs de la Manche. Légèreté et gravité, chacune mesurée, offrent une bouffée d’air frais continu à Soudain le large. Ce rafraîchissement iodé est aussi une carte postale enchantée des îles anglo-normandes.
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