samedi 1 avril 2017

La terre qui les sépare d'Isham MATAR

La terre qui les sépare d'Isham MATAR aux éditions Gallimard, 22,50 euros.

 Isham Matar a reçu au début de l'année 2017 le prix du Livre Etranger, un prix ouvert sur les autres cultures, sur l'ailleurs, le lointain... En 2011 nous avions tous les yeux grands ouverts sur ce qui se passait en Libye qui, après la Tunisie, avait enclenché sa propre révolution et mis à bas le régime de son dictateur Khadafi. Quelque part, à Benghazi, Hisham Matar revenait dans son pays, retrouvait quelques uns de ses oncles, tantes, cousins, neveux... Il pénétrait une terre qui lui était interdite depuis un nombre considérable d'années. Il avait pris le risque de retrouver son pays dès que cela fut possible pour comprendre et connaître toute l'histoire de la disparition de son père, kidnappé en Egypte et emprisonné en Libye en tant qu'opposant, torturé sans aucun doute et sûrement mort sans que quiconque ne sache ni comment, ni quand. 

Isham Matar avait dix-neuf ans lorsque son père disparut. Il évoque dans ce livre les années de clandestinité en Angleterre et en Egypte, les drôles de rendez-vous que lui fixait son père en Suisse pour tromper les espions libyens, les consignes sévères qu'on lui fixait lorsqu'il étudiait en Angleterre et qui lui interdisaient de révéler sa nationalité. Isham Matar adorait son père qui fut un héros, conscient dès le début de la dangerosité de Khadafi. Outre l'inestimable document que les pages de ce livre nous procurent quant à l'histoire libyenne, il y a par-dessus ça, une sublime évocation de la culture  de ce pays, de son essence même, de ses couleurs et de ses odeurs, de sa population admirable. La terre qui les sépare procure un immense sentiment d'amour conjugué avec une douleur quasi indicible qui hante la mémoire d'un fils envers son père. Hisham Matar hisse son livre à hauteur d'un monumental exercice sur l'histoire de son pays accompagné d'un hommage intellectuel et d'une pudeur inouïe envers un homme irremplaçable qui s’appelait Jaballa Matar.

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