samedi 15 avril 2017

Repérages sur La Plage aux écrivains (épisode 2)


Cette semaine nous voici confrontés, une fois encore, à trois écritures, trois sujets et trois sensibilités différentes. Celles-ci s'inscrivent successivement dans le présent pour Pascal MANOUKIAN, le passé pour Loïc Merle et une forme intemporelle pour Amélie LUCAS-GARY. Le seul point commun que nous pouvons leur trouver est qu’ils fouleront le sable de la Plage aux Ecrivains les 13 et 14 mai prochain. 


Ce que tient ta main droite t’appartient de Pascal MANOUKIAN aux éditions Don Quichotte, 18, 90 euros.

Ce que tient ta main droite t’appartient revient à deux reprises dans le roman de Pascal Manoukian. Leur signification, à quelques cent pages d’intervalle, ne sont pas les mêmes. Tant de choses se sont produites qu’à la deuxième lecture, Ce que tient ta main droite…  résonne comme un avertissement glacial, bien loin du paradis annoncé lors de sa première énonciation. 

Mais pour reprendre les choses à leur début, il faut suivre l’itinéraire parisien de Karim. Son destin lui évite d’être présent sur l’un des lieux d’attentats parisiens. Lorsqu’il s’y trouve, au « Zébu blanc », les corps sont déjà tombés sur la terrasse du café, sa fiancée et le bébé qu’ils attendaient font partie des victimes. 

Très vite Karim prend la décision de quitter la France et s’engage aux côtés des combattants de Daech. Son but, tuer Abou Ziad le chef des djihadistes. 

Son périple passe par la Belgique, la Turquie et la Syrie. Il traverse les lignes de cette guerre syrienne qui brasse un cosmopolitisme effarant. 
Si le roman de Pascal Manoukian a des accents aussi réalistes, c’est parce que tout a été - et on le sent très fort - vu et entendu. Pascal Manoukian est reporter de guerre.  


La vie aveugle de Loïc MERLE aux éditions Actes Sud, 15 euros.

Vincent Van Gogh a réalisé un autoportrait (destiné à  Gauguin) en 1888 où il s’est représenté en Geisha d’un vert dit Veronese. Ce tableau, parmi beaucoup d’autres, est frappé en 1937 du sceau d’art dit dégénéré par le régime nazi. Une exposition est organisée à travers l’Allemagne histoire que le peuple puisse rire ce cet art où furent rassemblés des Picasso, des Matisse, des Gauguin et  aussi des Dix, des Kokoschka, des Grosz…


Bien sûr il y eu pillage, Goebbels et Goering en furent mais lors de cette exposition itinérante qui dura quelques années on y adjoint  une peinture venue d’Heidelberg, ville des montagnes où des malades mentaux exerçaient leur talent. 

C’est donc à Heidelberg que le narrateur de Loïc Merle part à la rencontre d’un certain Auguste Strahl, peintre riche et célébré mais artistiquement raté. C’est avec lui que s’élabore l’histoire d’Heidelberg qui en 2017 se révèle encore comme une ville étrange toujours dotée d’un de ces amphithéâtres colossaux qui servirent à la propagande nazie.


Vierge d’Amélie LUCAS-GARY aux éditions Seuil, 17 euros.

Vierge doit être lu comme un conte moderne parce qu’il montre d’une certaine manière les affres de notre époque. Il faut entrer dans le conte car il nous est dit, dès son début, que nous allons entendre comment notre narratrice a vu le jour. Elle nous raconte sa légende « comme elle l’entend ». 

Cette légende veut que tout commence à saint-Denis là où l’on enterrait les rois et là où Louis IX débuta sa croisade. L’histoire, racontée depuis un bateau qui vogue à l’infini, est une cascade d’évènements concernant en premier la vie d’Emanuelle, jeune vierge mère de notre conteuse et à qui l’on a annoncé qu’elle attendait un enfant. Mais qui est le père puisqu’elle est vierge? Quel miracle a permit cela? 

Pour résoudre cette énigme, ce dilemme, cette angoisse, Emmanuelle délaisse Jonathan son amoureux  et s’en va dans les confins d’une contrée à la rencontre de personnages susceptibles de la révéler à elle-même telle Alice au pays des merveilles.  

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