samedi 30 juillet 2016

SELECTION LE PRIX D'UNE VIE / LE PARISIEN MAGAZINE : Les huit enfants Schumann de Nicolas CAVAILLES

 SELECTION LE PRIX D'UNE VIE / LE PARISIEN MAGAZINE :  Les huit enfants Schumann de Nicolas CAVAILLES aux éditions du Sonneur, 12 euros.

Ce court livre condense bien plus que les vies de la descendance de Robert Schumann, ce musicien allemand dont l’auteur nous apprend ou nous rappelle  le génie précurseur que Johannes Brahms poursuivra avec une plus grande renommée. 
Les huit enfants de Robert Schumann qui naquirent entre 1841 et 1854 ont chacun reçu, en forme d’héritage paternel, « une poix dépressive », « une lucidité inhibitive » qui n’eut pour seule fonction que le rappel tragique du suicide de leur père parvenu au bout de sa folie.

Tout le travail de Nicolas Cavaillès empoigne la destinée des enfants Schuman où se reflète la part sombre de chacun d’eux héritée du père qu’ils ne connurent quasiment pas puisque Robert Schumann mourut à l’âge de quarante-six ans et que ses dernières années se déroulèrent dans un asile où Clara Schumann, sa femme, n’emmena jamais ses enfants.

Clara Schumann, justement, elle aussi grande et fameuse pianiste, contrôla à sa manière les talents supposés musicaux de ses enfants. Elle eut bien sûr la charge de les éduquer mais surtout et d’abord de les porter avec toutes les souffrances et les fatigues que chaque femme pouvaient subir au dix-neuvième siècle à chaque naissance. 

En structurant son livre suivant la chronologie des disparitions des enfants Schumann (Eugénie Schumann clôt la liste en 1938), Nicolas Cavaillès entrecroise, reprend et approfondit l’étrange sarabande des enfants Schumann, marquée autant par la musique que par la folie du père. Mais cette musique a t-elle provoqué la folie ou bien est-ce cette folie qui inspira la musique ?

Pour Nicolas Cavaillès la cause musicale est entendue, une charge surgit page 69 et règle son compte à la musique d’aujourd’hui comme un soulagement, une libération :
« La musique n’était pas en son temps cette chose galvaudée, cette arme d’abrutissement de masse, cette vache à lait sanglée sur une boite à rythmes qui beugle aujourd’hui à longueur de journée comme de nuit ses mélodies débiles au service du système consumériste (dans les vieilles villes comme dans les allées des supermarchés, au comptoir des cafés comme dans les toilettes d’autoroute, dans les ruelles désolées comme dans les centres commerciaux les plus éventés, partout et à toute heure le même ressassement de rengaines en plastique à destination d’oreilles formatées et de pieds carrés, partout la même pollution obèse par le bruit et la laideur, partout la même banalisation de ce qui jadis était sacré)… »

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