Jim Stegner (une allusion à Wallace Stegner ?) est d’une nature inquiète. Son statut d’artiste certainement mais surtout le fait qu’il soit hanté par le souvenir de sa fille Alce dont la mort tragique lui laisse de puissants remords, entretient chez notre ami une vive insatisfaction au coeur d’une vie pourtant confortable.
Il est reconnu comme peintre, vit dans un environnement qui lui procure de grands moments de pêche, partage sa vie avec une femme belle et intelligente mais sa fragilité, toute intérieure, le pousse à commettre des actes irréparables. N’a t-il pas déjà tué quelqu’un lors d’une rixe de bar qui l’a définitivement éloigné de toute consommation d’alcool ?
Il a connu la prison mais voilà, sur le bord d’une route, il surprend deux hommes en train de maltraiter un cheval. Son sang ne fait qu’un tour, il stoppe son pick up et va régler son compte à l’un des deux hommes puis récupère le cheval. Cette affaire de prime abord mineure va décider de la vie de Stegner jusqu’à la fin de ses jours.
Il y a plusieurs genres chez Peter Heller auteur déjà remarquable de La constellation du chien. Après l’anticipation qu’il avait développée dans son surprenant premier roman, Peindre pêcher & laisser mourir offre à nouveau une place de choix à la nature.
Les villes elles-mêmes rencontrées dans son roman, d’El Paso à Santa Fe, ont une couleur propre, une atmosphère particulière. Un danger récurrent affleure, Jim Stegner, personnage entier déjà pourvu d’une solide expérience évolue dans un décor qu’il apprécie mais qui reste toujours potentiellement mortel.
C’est toute l’Amérique qui semble, avec lui, confrontée depuis son origine à cet élément naturel qui peut lui être à tout moment hostile. Les canyons, les plateaux désertiques, les rivières, tel chemin rocailleux qui grimpe en lacets dans la montagne, aussi magnifiques soient-ils, incitent à la méfiance.
Jim Stegner en est d’ailleurs une victime consentante, une « cible » comme l’écrit Peter Heller.
Les amateurs de polar trouveront chez Heller de très grandes scènes de suspense, la fin notamment est digne des plus grands westerns de l’ère hollywoodienne. Peut-être même que la clé de l’oeuvre de Peter Heller se trouve là, dans ces paysages fantomatiques qui ont hébergé les films de John Ford et consorts.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire