Le rapport de Brodeck tome 1 L’autre de Manu LARCENET d’après le roman de Philippe Claudel aux éditions Dargaud, 22,50 euros.
L’ouvrage est soigné, les éditions Dargaud ont protégé cet oeuvre d’art avec un coffret où quatre cases de Larcenet apparaissent en couverture.
Ainsi voyons-nous quelques figures comme des paysages, dessinés en noir et blanc, d’une beauté sèche et saisissante, dénuée de séduction mais totalement sincère.
Ces portraits d’hommes aux traits précis nous scrutent, leur silhouette s’enfonce dans des paysages de froid et de neige dans un pays où le parler local ressemble à de l’allemand.
Le dénommé Brodeck est attendu par une assemblée du village alors qu’il vient s’approvisionner en beurre. Il lui est sommé d’écrire une histoire et de bien la raconter, lui, Brodeck, rescapé de la guerre, du camp.
Brodeck dont le métier est de parcourir les bois, de recenser, sait écrire. Son témoignage servira pour protéger le village de l’acte commis envers l’Autre, cet étranger venu de nulle part qui a posé trop de questions et rempli trop de carnets.
Larcenet nous attire dans cet univers isolé du monde, craintif et menaçant, silencieux. Combien de dessins sans une seule phrase, un seul mot où Larcenet montre l’indicible et le poids de la solitude d’un homme qui a vu l’immonde et qui en est revenu.
Comme si cela ne suffisait pas, il est choisi par les siens pour couvrir un crime, un crime collectif de piteux villageois méfiants, cupides et vénaux.
Tout cela ressemble beaucoup à une époque que Larcenet a su rendre intemporelle mais avec en tête un modèle kafkaïen pour qui sait lire entre les lignes ou plutôt entre les images.
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