vendredi 7 février 2020

L’amant de Kan TAKAHAMA

L’amant de Kan TAKAHAMA d’après le roman de Marguerite Duras aux éditions Rue de Sèvres, 18 euros.

Stupéfaction ! L’amant de Duras n’était pas encore adapté en Bande Dessinée. 
Nous avions eu le film que Marguerite n’avait que moyennement aimé trouvant ses personnages un peu trop beaux. Cette fois l’argument durassien a été pris en compte et le chinois n’est pas trop beau. Il a le regard torve…

Pourtant, le dessin de Kan Takahama est splendide. Dès la couverture, la jeune fille qui nous accroche du regard est une perle du Tonkin que l’on retrouve aux premières pages sous les traits vieillis de Marguerite Duras. L’effet est troublant. Kan Takahama est une virtuose issue du manga où elle s’est peu à peu faite une place de choix. 


Elle aussi est entrée comme beaucoup dans l’univers de Duras avec L'amant (son prix Goncourt de 1984). Mais elle appartient à une génération qui ne l’a pas vraiment connue, ce qui prouve s’il le fallait encore, la pérennité de son œuvre. L’amant revient donc avec l’incertitude du souvenir de sa lecture. Cet amour contrarié est-il si brûlant comme le laisse voir les dessins de l’auteure ? Il faudrait d’urgence se replonger dans le roman pour s'assurer de la fidélité de la Bande Dessinée à l’histoire. 

Un parfum se dégage qui ressemble à du Duras. Est-ce de l’ambiguïté ? Des élans contradictoires dictés tantôt par l’argent, tantôt par les sentiments ? Pour ne pas trop entrer dans la comparaison, mieux vaut se laisser porter par la beauté du dessin qui donne à voir la Cochinchine, sa splendeur, et accepter l’hommage rendu au personnage dont nous lisons les peines et joies issues d’un amour qui l'a marquée pour la vie. 

La complexité du propos est retranscrite avec passion et c'est peut-être l'esthétisme du manga qui convenait au romantisme que L'amant propage encore et toujours dans les cœurs adolescents.



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