Souvenirs dormants de Patrick MODIANO aux éditions Gallimard, 14,50 euros
Patrick Modiano est un auteur rare et attendu. Deux livres de lui paraissant, il est normal que les médias s’en emparent…
Le type de narration, la mise en scène, l’orchestration, le roman, s’il faut aussi le définir ainsi, chez Modiano, est une affaire connue et récurrente.
Régulièrement, en effet, celui-ci a puisé dans des souvenirs qui ont accaparé sa jeunesse, livrant une mixture inédite d’histoires étranges et lointaines mais qui ont un fort pouvoir d’attraction grâce au style gracieux et épuré de l’auteur.
Le Modiano qui accompagne le lecteur ou plutôt qui apparaît comme le vecteur de ces Souvenirs dormants n’a encore rien publié mais s’apprête à cette publication.
Son errance parisienne intègre cette fois un monde ésotérique qui s’anime autour de l’œuvre de Gurdjieff, gourou influent dont le livre Rencontres avec des hommes remarquables est le plus connu.
Tout cela est lointain et proche à la fois. Quarante ans nous annonce Modiano.
Martine Hayward, Stioppa, Mireille Ourousov, Geneviève Dalame, Jacques de Bavière (ou Debavière!), Emil Stern et Madame Hubersen sont des noms qui clament un univers opaque en dépit des lieux parisiens familiers où ils se dissolvent.
Souvenirs dormants, donc, est un récit modianesque absolu d’où émane une atmosphère aussitôt reconnaissable qui distille l’essence d’une époque révolue.
Modiano est affecté par des rencontres essentiellement féminines nourries d’inquiétude et d’absence.
Est-il bien sage d’en raconter plus ?
La prescription est proche, dit l'auteur, à propos de ceux qui ont connu le Paris auquel il se sent à jamais associé. Un Paris qui n’est hélas plus celui où il vit aujourd’hui.
Nos débuts dans la vie de Patrick MODIANO aux éditions Gallimard, 12 euros
Nos débuts dans la vie est, chose quasiment inédite chez Modiano, une pièce de théâtre avec une description de scène et des indications de lumière.
Quatre personnages, Dominique, Jean, Elvire et Caveux vont discourir, le plus souvent par paire, dans un décor de théâtre. Les plus jeunes, Dominique et Jean, sont à l’orée d’une carrière que les plus âgés, Evire et Caveux, tentent de diriger ou de contrecarrer, inconscients de l’étendue de l’échec de la leur propre.
Il faut préciser qu’Elvire est la mère de Jean et Caveux, certainement l’amant de celle-ci. Dominique, quant à elle, est une amie proche de Jean et peut-être sa maîtresse.
Comment éloigner Dominique de Jean ? Comment aider Jean à devenir l’écrivain « professionnel » que Caveux (qui a côtoyé Sartre) est devenu ?
Dominique répète La mouette de Tchekhov qu’elle joue sous la direction d’un certain Salvesberg. Elvire, dans le théâtre voisin (une porte secrète réunit les deux théâtres), joue Bon week-end Gonzales (d’on ne sait qui).
Cet affrontement, au demeurant simpliste, ne l’est plus lorsque le personnage d’Elvire rouvre une ancienne fêlure, celle de ses débuts au théâtre. Modiano alors touche au but. Il émeut. L’avenir confiant de Dominique et Jean se voile du témoignage d’Elvire. Un miroir leur est tendu. La nostalgie apparaît et clôt la pièce d’une façon déchirante.
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