samedi 11 novembre 2017

Rencontre avec William Finnegan pour Jours Barbares



Jours barbares de William FINNEGAN aux éditions du Sous-Sol, 23,50 euros.

Avec le prix Pulitzer en poche dans la catégorie « Mémoires », William Finnegan a posé les bases d’une vie dédiée au surf. Cet homme, qui, enfant, a découvert et débuté cette pratique audacieuse née dans l’océan Pacifique, bénéficia de dispositions particulièrement favorables puisqu’il débarqua, aux alentours de sa dixième année, sur l’île d’Hawaï où, comme chacun sait, le surf est érigé en religion. 

Les cinq cents et quelques pages de Jours barbares offrent par ailleurs une multitude de pistes sur la définition du surf, sur ce qu'il est réellement. 
Concernant Finnegan, la magie du surf opéra quelques années avant son arrivée décisive à Hawaï, elle se produisit à la fin d'une journée, en Californie, lorsqu’au détour d’une promenade avec ses parents, il aperçut sur l’océan des silhouettes à contre-jour glisser sur les vagues. Cela provoqua en lui un choc esthétique qui l’attira dès lors passionnément pour cette danse aquatique. 

C’est donc sous le soleil de Los Angeles où ses parents travaillaient pour le cinéma qu’il a réellement effectué ses débuts. Il s’ensuivit une initiation en règle à Hawaï où il côtoya bon nombre de surfeurs avec qui il noua ses premières amitiés. 
A la fin de son adolescence, William Finnegan partit avec un de ses amis pour un tour du monde inouï entamé aux iles Tonga puis à Fidji. Les deux compères s’aventurèrent ensuite en Australie, en Indonésie, à Bali puis en Afrique du Sud. 
William Finnegan eut, en ces années, l’obsession de la vague parfaite. Ce furent des Jours barbares, ceux où, délivrée de la civilisation occidentale, la vie redevint libre et sauvage, imperturbablement tournée vers le surf. En cela, le livre de Finnegan est un roman initiatique. 

Mais William Finnegan est aussi, dans l’écriture de ce livre, un talentueux journaliste et un excellent portraitiste car son immersion dans le monde du surf est une succession de rencontres et de caractères bien trempés. La fréquentation des impétueux Domenic, Beckett, Bryan, Mark et consorts a permis à l’auteur de nous instruire sur les attitudes et les modes de pensées qui ont circulé dans cette communauté à l'aune des années quatre-vingts. Il n’est même pas nécessaire de  porter un amour inconsidéré à cette pratique pour être suspendu aux descriptions dantesques de certaines sessions que Finnegan et ses amis ont affrontées dans leur vie. 

La mer n’est pas, à proprement dit, une amie pour l’être humain. Celui-ci a dû, bien souvent, renoncer à la dompter. La mer demeure un danger majeur sitôt que l’équilibre qui la régit est rompu. Pourtant, qu’ils soient pêcheurs, marins, nageurs ou surfeurs, la mer attire les hommes et leur suggère des défis renouvelables à l’infini. 
William Finnegan y a trouvé un sens très spécial à sa vie. Ses mémoires sont le récit inlassable de la quête d’un absolu entrevu durant seulement quelques secondes. Le but de ces chevauchées marines est le plus souvent inaccessible et, tout autant, terriblement dangereux. 

A soixante ans passés, William Finnegan continue de braver l’océan. Après San Francisco (Ocean beach), Madère (Jardim), New-York (Long island), le reporter du New Yorker déjà reconnu pour avoir couvert une multitude de conflits et autres événements comme la fin de l’Apartheid en Afrique du Sud, est en passe d’entrer dans la légende du surf. Pas pour des prouesses que d’autres - qu’il admire - ont réalisées avant lui et parfois même sous ses yeux, mais pour l’acuité et la profondeur avec laquelle il a cherché sa vie durant une raison à l'existence du surf, une raison qui ressemble, sans aucun doute, à celle qui régit aussi la poésie.

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