L’amertume du triomphe de Ignacio SANCHEZ MEJIAS aux éditions Verdier, 12 euros.
Le lecteur ne saura pas si José Antonio est parvenu à vivre son amour pour Marilinda. L’amertume du triomphe est inachevée comme une symphonie. Sanchez Mejias a succombé en 1934 à une blessure contractée dans les arènes de Madrid. Les aficionados s’intéressant à l’histoire de la tauromachie ne peuvent ignorer la vie de ce torero qui affichait de nombreuses cordes à son arc.
L’amertume du triomphe a été retrouvée dans les archives familiales et publiée en 2009 dans sa langue originale. Les éditions Verdier en assurent aujourd’hui une superbe traduction dans sa collection « Faenas ».
Il s’agit pour Ignacio Sanchez Mejias de reprendre l’histoire d’un jeune torero lui ressemblant fortement et de montrer ce que peu de gens peuvent comprendre de la vie de torero. Il n’y aucun épisode dans l’arène, le discours se tient avant ou après sous la forme de dialogues entre José Antonio et ceux qui l’entourent : une marquise qui protégea le héros depuis son enfance, le fils de celle-ci qui le rejeta violemment après avoir été son meilleur ami, son valet d’épée qui joue à merveille son rôle d’écuyer à la façon du Quichotte de Cervantes et José Mari, le confident qui l’accompagne dans ses tournées à travers l’Espagne d’arènes en arènes.
Bien sûr la tauromachie demeure centrale, on y comprend les enjeux sociaux pour un homme venu de la campagne, les intrigues et les retournements de ses partisans, le rôle des journalistes et le succès qui ne se trouve qu’au cœur de l’arène après qu’on a vaincu le taureau. Mais le roman, d'abord et surtout, approfondit les sentiments de José Antonio dans sa quête d’un amour impossible. Cette passion hispanique, brûlante à souhait, génère des tirades bouleversantes sur la condition de l’âme amoureuse et solitaire.
Ignacio Sanchez Mejias eut une destinée à la mesure de ce qu’écrivit pour lui son ami Federico Garcia Lorca qui lui rendit hommage dans un célèbre llanto dont voici la fin :
Il faudra longtemps avant que ne naisse, s’il naît jamais
Un Andalou si clair, si riches d’aventures.
Je chante son élégance avec des paroles qui gémissent
Et je me souviens d’une bise triste dans les oliviers
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire