Il y a du Francis Ponge chez Michel Jullien. On y retrouve la même attention, éminemment poétique, dotée d’un je-ne-sais-quoi lié aux leçons de choses ici converties à une leçon animale, magistrale, fournie par un chien.
Durant les quelques cent trente pages de Denise au ventoux, l’ascension émotionnelle va croissant même si, paradoxalement, mais avec une logique imparable, la descente du mont Ventoux s’avère bien plus cruelle que sa montée organisée avec grand soin par un narrateur consciencieux, pour lui-même et pour sa chienne, Denise (Bouvier Bernois).
La connaissance animale toujours nous échappera, tel est le constat final qui tient dans ce livre précis, attaché à la somme de détails qui régit nos vies et qui parfois les détruit. On ne sait comment sortira le narrateur - temporaire maître de Denise - de cette ascension et de sa cruelle descente du mont Ventoux. On ne sait vraiment s’il basculera dans quelque chose d'autre que son caractère posé qui longtemps, jaugea autrui avec la discrétion qui sied à ceux qui savent observer.
Pourra-t-il continuer de vivre dans sa modestie souriante dès lors que sa relation avec Denise l’aura nécessairement transformé à la façon dont nombre de grands personnages de la littérature sortent, dit-on, de toutes ces histoires qui ailleurs nous ont été contées ?
Pourra-t-il continuer de vivre dans sa modestie souriante dès lors que sa relation avec Denise l’aura nécessairement transformé à la façon dont nombre de grands personnages de la littérature sortent, dit-on, de toutes ces histoires qui ailleurs nous ont été contées ?
Michel Jullien n’a pas respecté cette attente contractée par d’autres avec leurs lecteurs. Il a eu exemplairement raison de nous épargner, de s’épargner, d’épargner le maître de Denise et Denise elle-même.
Il y a, dans Denise au Ventoux, juste ce qu’il faut pour comprendre ce qui suivra et que l’on ne veut résolument pas connaître, cela constituant toute l’étrangeté de la vie, humaine ou animale.
L’universalité, en sorte, se rappelle à nous par la juste rigueur des mots employés par l'auteur qui, eux seuls, semblent disposés à signifier le vivant - ce qui veut dire "nous" accompagnés de toutes les espèces qui caractérisent la vie sur terre et expérimentent cela depuis la nuit des temps. Michel Jullien appartient à ces élus qui utilisent cette voie lettrée et communicante qui serpente « au cœur des ténèbres » pour reprendre Conrad.
Précision qui nous paraît ici, à la librairie, de la plus haute importance:
Il y a, dans Denise au Ventoux, juste ce qu’il faut pour comprendre ce qui suivra et que l’on ne veut résolument pas connaître, cela constituant toute l’étrangeté de la vie, humaine ou animale.
L’universalité, en sorte, se rappelle à nous par la juste rigueur des mots employés par l'auteur qui, eux seuls, semblent disposés à signifier le vivant - ce qui veut dire "nous" accompagnés de toutes les espèces qui caractérisent la vie sur terre et expérimentent cela depuis la nuit des temps. Michel Jullien appartient à ces élus qui utilisent cette voie lettrée et communicante qui serpente « au cœur des ténèbres » pour reprendre Conrad.
Précision qui nous paraît ici, à la librairie, de la plus haute importance:
Le Bouvier Bernois
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