vendredi 2 août 2019

Rentrée littéraire 2019 : Jeanne Benameur, Ceux qui partent

Ceux qui partent de Jeanne Benameur, éditions Actes Sud, 21 euros. Sortie le 21 août

Chaque rentrée littéraire est un voyage dans lequel chaque lecteur espère découvrir de nouvelles pépites à ajouter dans sa bibliothèque. C'est dans cet esprit de voyage que s'inscrit Ceux qui partent de Jeanne Benameur. Si ses personnages ne sont pas à la quête de nouveautés littéraires, ils le sont d'une terre nouvelle, une terre où il est possible d'oublier le passé, une terre où tout peut recommencer et surtout, une terre qui donne l'espoir d'un avenir meilleur.
Le récit se déroule sur une journée, en 1910, à Ellis Island, ultime étape avant de vivre le rêve américain. Parmi la foule d'immigrants, c'est aux destins de quatre personnages que nous nous intéressons : Donato et sa fille Emilia, Gabor et Esther. Chacun a sa raison d'avoir entrepris ce voyage et chacun possède son fardeau malgré ce désir commun de devenir citoyen américain. Si Donato s'est laissé convaincre par sa fille de partir, Esther espère habiller les Américaines avec ses talents de créatrice de mode tandis que Gabor, jeune homme appartenant à une communauté, rêve de s'en échapper. Pour autant, Jeanne Benameur a décidé d'introduire un autre personnage qui magnifie l'ensemble : le photographe Andrew Jónsson. Ce dernier pourrait représenter le lecteur de par sa curiosité envers les destins des différents immigrants. Il incarne une pensée nouvelle pour l'époque et apporte un nouveau regard. C'est cela qui rend le tout percutant car aujourd'hui encore, la question demeure. En effet, la question migratoire étant au cœur de notre politique actuelle, il semble ici essentiel de comprendre le sacrifice que peut représenter le fait de quitter son pays, sa culture et sa famille. C'est exactement cela que nous fait ressentir Ceux qui partent avec des personnages aux origines – et donc à la langue – différentes. À travers une écriture poétique où il y a peu de dialogues, les langues de chacun sont mises en avant. La langue, ici, n'est pas une barrière : il n'y a seulement pas besoin de paroles quand chacun partage le même espoir via ce voyage.
« Ils prennent la pose, père et fille, sur le pont du grand paquebot qui vient d’accoster. Tout autour d’eux, une agitation fébrile. On rassemble sacs, ballots, valises. Toutes les vies empaquetées dans si peu.
Eux deux restent immobiles, face au photographe. Comme si rien de tout cela ne les concernait. »


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