Le bon fils de Denis MICHELIS aux éditions Notab/lia, 16 euros.
L’adolescence d’Albertin est difficile depuis que sa mère est partie refaire sa vie ailleurs avec autrui. Ne lui reste que son père avec qui, semble-t-il, un contrat est passé mais qu’Albertin ne respecte pas en ramenant de mauvaises notes du lyçée. En n'étant pas le bon fils que son père attend de lui.
Pourtant, tout avait été pensé pour que la vie recommence à partir de bonnes bases. Le père et son fils avaient déménagé et Albertin avait commencé une nouvelle année scolaire dans un nouveau lycée où, malheureusement, il n’allait pas s’intégrer. Si l’affaire est sérieuse, Denis Michelis, lui, a choisi un ton désinvolte propre à l’adolescence. Lorsque le tragique pointe son nez, il n’est pas tout à fait là où on pourrait l’attendre. Albertin songe à fuir ce père inadapté qui rédige son devoir de père comme on suivrait la notice d’un outil de bricolage. Son pragmatisme incohérent face à la complexité de l’âme adolescente est retourné comme une crêpe par Albertin qui ne veut pas être le bon fils attendu.
Conçu en trois actes (Installation, Perturbation, Confession), Le bon fils instaure un troisième personnage beaucoup plus ambigu que ceux qui reproduisent cet affrontement plutôt banal entre un père et un fils. Il s’agit de Hans ou Hansi, un homme modèle surgi de nulle part mais immédiatement accepté, introduit, adapté comme une formule magique qui va résoudre le problème et opérer en un temps record une substitution magistrale au rôle du père, remplissant au passage celui de la mère car tel était le vrai défi non réalisé par le père.
Hans dont on pressent les moyens qu’il utilise, rétablit donc spectaculairement la situation compromise des études d’Albertin. Le père, ébahi et littéralement conquis par cet ami venu du ciel, donne à Hans les clés de cette éducation si complexe, convaincu qu’il saura parfaitement régler la question.
Denis Michelis s’est lancé, dans ce livre, dans une grande opération de séduction en présentant, non sans humour, une porte de sortie idyllique aux pitoyables épreuves qu’Albertin ne semble jamais en mesure de surmonter. Ce conte de fée, fable à la morale comique donc douteuse, procure le plaisir souvent perdu d’une histoire où l’imagination prend réellement le dessus.
L’histoire savoureuse du bon fils est un délicat pied de nez à ceux qui croient trouver dans la réalité ou le réalisme, une bonne compréhension du monde. Denis Michelis, dans la meilleure tradition conteuse qui soit, prouve facilement le contraire.
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