samedi 6 août 2016

SELECTION LE PRIX D'UNE VIE / LE PARISIEN MAGAZINE : Être ici est une splendeur de Marie DARRIEUSSECQ

Être ici est une splendeur de Marie DARRIEUSSECQ aux éditions POL, 15 euros

Un point crucial hante ce livre, il se situe au moment de la naissance qui jouxte parfois celui de la mort. Les femmes y jouent toujours les premiers rôles. 

Être ici est une splendeur propose un émouvant portrait de Paula Modersohn-Becker  qui se clôt sur le tragique évènement d’une mère disparaissant quelques jours après la naissance de son enfant. Au contraire de bien des biographes, Marie Darrieussecq insère des notes très personnelles dans son récit qui troublent de ce fait l’enjeu du livre : 

« Et je sais que je parle pour un autre mort, mais il viendra, les morts reviennent, j’écrirai sa courte vie, c’était mon frère et il s’appelait Jean, il a vécu deux jours, mais il n’est pas encore temps. »

Paula Modersohn-Becker fut une artiste peintre contemporaine de Monet, Gauguin, Cézanne... elle mourut à l’âge de trente-et-un ans en 1907. 
Ses voyages à Paris n’eurent pour seul but que la peinture, voir des expositions, visiter des galeries.
Paula vivait à Worpswede, petite ville du nord de l’Allemagne près de Brême, elle fut mariée à Otto Modersohn, lui-même peintre. Leur correspondance démontre jusqu’où l’âme artiste de Paula la poussa. Rompre avec son mari et refuser de lui faire un enfant. Mais ce mariage demeura complexe jusqu’à la fin.

A propos de Rainer Maria Rilke qui fut un indéfectible ami, Marie Darrieussecq laisse planer un  mystère quant à la nature véritable de sa relation avec Paula, lui qui épousa sa meilleure amie Clara. Jusqu’à la mort prématurée de Paula, il entretint avec elle une correspondance d’artiste à artiste et si Rilke ne l’a jamais nommée dans ses écrits, il lui écrira Requiem pour une amie qui lui est sans conteste destiné :

« C’est ainsi que tu mourus comme mourraient les femmes d’autrefois, tu mourus d’une mort démodée dans la chaude maison, de la mort des femmes en couches qui veulent se refermer et ne le peuvent plus, parce que cette obscurité dont elles ont accouché avec l’enfant revient, et rentre en elles. »

Worpswede constitua une école de peinture comme put l’être Barbizon ou Pont-Aven en France. Paula Modersohn-Becker fut la première femme à réaliser un autoportrait nu et fut également la première à se peindre enceinte.

Le 2 mai 1927, un musée consacré à Paula Modersohn-Becker ouvrit ses portes à Brême sous le nom de : "Maison Paula Modersohn-Becker".


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