samedi 17 juin 2017

Pomme Z de Ginevra BOMPIANI

Pomme Z de Ginevra Bompiani aux éditions Liana Levi, 14 euros.

Assurément Ginevra Bompiani ne peut être connue en France comme elle l'est en Italie. Pourtant de nombreux livres ont été traduits jusqu’à ce dernier porteur de souvenirs écrits comme un retour possible grâce une touche magique du clavier de l'ordinateur, la touche Pomme Z, qui renverrait magiquement à des endroits spéciaux de la vie, ceux que l'on craindrait d'avoir oubliés et même perdus. 

Ginevra Bompiani fut l’héritière d’une maison d’édition italienne de renom dont elle assura la relève avant qu'elle ne soit vendue. Peu importe, sa vie, d’emblée, fut baignée par la littérature. Elle fut, entre autre, traductrice, enseignante et écrivain. 
Curieusement, le premier souvenir articulé par la touche Pomme Z  relate   une expédition humanitaire menée au cours de la guerre en ex-Yougoslavie. Genevria Bompiani s’engagea avec culot, reconnait-elle, à bord d’une camionnette avec chauffeur pour acheminer des vivres  à des femmes  musulmanes qui survécurent au massacre dit de Srebenica. 
Cet épisode, palpitant à maints égards, rapporté comme un road-movie avec ses doses d'inconscience, fut surtout un incontrôlable besoin de servir. Il fait écho aux préoccupations toujours actuelles des réfugiés, quels qu’ils soient.

Cette magnifique ouverture à l'instar des portraits qui vont constituer le corps du livre, place l'auteur dans une position d'observation. Elle eut effectivement l'insigne privilège d'avoir côtoyé quelques uns des plus grands noms de la littérature européenne. Ginevra Bompiani les aborde par le versant familier de leur personnalité. 
Ainsi nous fréquentons comme s'il était un de nos proches, "pépé" Bergamin, attachant personnage, poète facétieux et même turbulent nanti d'une très grande force de séduction. Il en va de même pour Georgio Manganelli capable également de la pire des impolitesses. de Gilles Deleuze, dont Ginevra Bompiani se garde bien de nous en révéler le nom pour mieux nous en montrer, au final, l'être absolument exquis qu'il était. L'incroyable malchance d'Ingeborg Bachmann et la beauté déchue d'Elsa Morante complète à leur façon cette liste fascinante de fortes personnalités.


La découverte de ses innombrables souvenirs qui esquissent en creux la personnalité de l’auteur (née en 1939), est porteuse d'un esprit éclairé dont l’Italie, l’Angleterre et la France sont les points cardinaux. Ils nous sont infiniment précieux. 

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