Il est toujours difficile d’imaginer ce que nos parents ont vécus avant que nous soyons nés. Leur rencontre, par exemple, nous est totalement étrangère.
Richard Ford avait écrit, il y a plus de vingt ans, un récit sur sa mère que l’on retrouve à la suite de celui consacré cette fois en grande partie à son père.
Richard Ford est désormais bien plus âgé que son père qui décéda à l’aube des années soixante suite à des problèmes cardiaques. On ressent à quel point ce père mort, alors que l’auteur d’Entre eux avait seize ans, a considérablement pesé sur la vie de ce dernier. Les certitudes quant au bonheur vécu sur les routes de l’Arkansas, du Mississippi, de La Louisiane et du Missouri, s’amenuisent au fil des pages mais demeurent néanmoins l’éclat le plus vif de la saga amoureuse entre Parker Ford et sa femme Edna.
Parker Ford sillonna les routes du sud de l’Amérique en compagnie d’Edna du début des années trente jusqu’au milieu des années quarante.
A la naissance de Richard, il poursuivit seul son métier de représentant de commerce avec, comme sa femme, la nostalgie de ses heures passées sur les routes américaines. Edna l’attendant dans leur voiture lorsqu’il démarchait ses clients. Ils s’aimaient, leur vie était simple et la surprise provoquée par la venue de leur enfant Richard marqua la fin de cette vie bohème qu’ils appréciaient tant.
C’est avec une simplicité somme toute désarmante et un regard prodigieusement aigu que Richard Ford détricote son enfance, celle où son père lui apparut comme une figure insaisissable qu’il rattachait immédiatement à la joie de vivre et à la bonne humeur. L’incident cardiaque, qui l’alertera douze ans avant que sa mort survienne, altérera peu à peu cette confiance et ce bonheur très américain engrangé par la famille Ford.
La mort de cet homme viscéralement attaché au foyer familial ne pouvait qu’engendrer un déséquilibre immense. Richard Ford, en consultant ce passé, se tient sur la crête des sentiments les plus sensibles. Cependant l’écrivain prend le dessus, les nuances qu’il apporte servent d’appui sociologique sur une Amérique alors fragile et peu sûre d’elle. La victoire de 1945 changera la donne.
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