samedi 24 décembre 2011

MANCHETTE - TARDI

                       Ô dingos, ô châteaux! de Manchette et Tardi, éditions Futuropolis, 19 €.






L’association couve depuis Le petit bleu de la côte ouest et La position du tireur couché. Tardi illustrant Manchette, la noirceur de l’un illustrant la noirceur de l’autre. Inévitablement, les lecteurs de Manchette jaugeront l’exercice. Le renfort de François Guérif, des éditions Rivages, qui rédige la préface, cautionne à juste titre le pari de Tardi, sa signature paraphant d’élogieux commentaires à l’entreprise incitant de ce fait à faire baisser d’un ton toutes les critiques à venir, s’il y avait.
Mais que dit Ô dingos, Ô chateaux et que montre Tardi ? Une tragédie noire et burlesque où les tueurs ont des airs de lords mais sont rongés de l’intérieur. Il s’agit de Thompson, nommé ainsi en hommage peut-être aux carnets du fameux major. Face à la détermination de cet homme de main ravagé par sa folie destructrice et son mal d’estomac, une jeune folle, une vraie, est recrutée dans l’intention de protéger un gamin de 10 ans, par un homme d’affaire anxieux dont la fortune semble entâchée de transactions suspectes. L’emballement de l’histoire se situe au sortir d’une promenade aux jardins des Tuileries. La jeune femme et le jeune garçon dont elle a accepté la garde, sont enlevés. Le mécanisme est enclenché, Tardi colle aux basques des évènements tous plus fâcheux les uns que les autres au coeur d’une France provinciale des années 70 perforée par une course poursuite qui s’engage sitôt que le plan de Thompson déraille. Le professionnel qui se ramasse, décuple la haine massacrante qui le tient. Attention, le carnage n’est pas de tout repos, les morts s’enchaînent à mesure que la violence s’amplifie. Tardi moins que Manchette a dû souffrir pour trouver l’angle idéal des scènes d’action qui se répètent à l’envie jusqu’à la boucherie finale. Mais il y a un côté Grand Guignol qui demeure tout au long de cette BD, la malchance des méchants ou encore leur bêtise porte souvent à rire et cette société française bel et bien disparue ressemble à une farce. Tardi ayant le dessin rond, il y a du "mou rigolo" jusque dans ses effusions de sang, ce qui n’enlève rien au récit palpitant qu’il a privilégié au détriment d’un aspect peut-être plus tragique et plus intransigeant que Manchette a gardé au coeur de ses propres romans.

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