Nos dimanches soirs de Jérôme Garcin aux éditions Grasset, 19 euros.
Jérôme Garcin, enfin, pour tous les millions d'auditeurs qui attendent chaque dimanche ce moment si particulier qu'inaugure la "Fileuse" de Mendelssohn exécutée par Daniel Baremboïm avant que Jérôme Garcin, encore, ne lance d'une voix savamment joueuse, "Le Masque... et la Plume...", Jérôme Garcin, donc, s'est enfin résolu à nous conter l'histoire de la doyenne des émissions culturelles radiophoniques à l'occasion de ses soixante années d'existence. Bravo !
Nous avons la possibilité de connaître, en premier lieu, l'attachement de Jérôme Garcin lui-même à cette émission qu'il considère, soit dit en passant, appartenir définitivement au patrimoine français. Combien sont ceux, en effet, qui, grâce au Masque et la Plume ont échappé à la morosité ambiante de ces dimanches soirs qui nous préparent si vite à la reprise de la semaine du lundi avec tout ce qui s'en suit ?
Depuis 1955, les mœurs françaises, certes, ont beaucoup évolué mais le Masque et la Plume si peu. Le principe de l'émission, souvent copié, jamais égalé, repose sur une idée simple: discuter de l'actualité du livre, du cinéma et du théâtre en présence de journalistes spécialisés sur la question et, surtout, une émission enregistrée en public !
Il y avait un pianiste, nous rappelle Garcin, au début, qui improvisait des notes au gré des discussions qui duraient deux heures puis vint un saxophoniste puis d'autres musiciens puis l'émission changea de format, on se rabattit sur une heure seulement et l'on gagna les studios de la maison de la radio, intégrant au passage et définitivement, la Fileuse de Mendelssohn jouée par Baremboïm.
On croirait que Jérôme Garcin est né là, tant de choses se sont déroulées sous ses yeux que l'on ne sait plus très bien quand il rejoignit l'équipe, en 1979 semble-t-il mais on s'y perd un peu dans les dates. Peu importe, Jérôme Garcin les connaît toutes comme les noms de ses collaborateurs puisqu'il prit en charge les rênes du Masque en 1989.
Grâce lui soit rendue d'avoir raconté avec le cœur les vies de ces gens admirables et si cruels aussi qui firent le Masque en compagnie d'auteurs de tout poil, de cinéastes et autres gens du théâtre. C'est le génie de cette émission et peut-être sa limite que d'avoir su instaurer une si grande liberté de ton où l'on s'empoigne aisément mais qui fait cependant le succès toujours recommencé des dimanches soirs de France Inter.
Le livre de Garcin croustille d'histoires secrètes, d'évènements tragiques et/ou comiques, et nul autre que lui n'était mieux placé pour l'écrire, il est le gardien du temple, l'autorité compétente, l'homme sur son cheval qui domine fièrement la plaine de ses souvenirs.
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