samedi 21 février 2015

Comme un karateka belge qui fait du cinéma de Jean-Claude LALUMIERE

Jean-Claude LALUMIERE est le deuxième résident invité à l'hôtel  Ville d'Hiver d'Arcachon. 
Son séjour se déroulera du 15 au 21 mars 2015. Nous aurons tout loisir de vous indiquer les lieux et les dates des rencontres avec l'auteur durant cette période

Recto








Comme un karateka belge qui fait du cinéma de Jean-Claude LALUMIERE aux éditons Le Dilettante, 17,00 euros.

Un certain détachement qui cache beaucoup de pudeur, voilà ce qui, de prime abord, émerge de ce livre au titre étrange.
Jean-Claude Lalumière plus fabuliste que moraliste cite à la fin de son livre, dans les pages consacrées aux hommages et aux remerciements, Le Retour à Reims* de Didier Eribon. Une indication précieuse pour qui voudrait mieux saisir le projet de l'auteur et son ambition.

Notre société est une grande productrice d'hommes et de femmes déracinés et ne prend pas toujours en compte ceux qui, délibérément, ont choisi de s'éloigner de leur province, de rompre volontairement les amarres avec un lieu de naissance qu'ils considèrent  comme un exil quitte à ce que celui-ci soit mental. Avec du courage pour tout bagage, ils vont  vers un avenir incertain souvent difficile, parfois discriminatoire. Plus simplement, ce livre traite du statut social et de la difficulté d'intégrer un milieu (artistique en l'occurrence) qui n'est pas celui dans lequel on a grandi.

Ce qui ressort de Comme un karatéka..., c'est d'abord une déambulation nocturne au cœur de Paris. Le narrateur ravive les souvenirs de son enfance à Macau (Gironde) dans un environnement viticole qui est très éloigné des aspirations cinématographiques de cet homme qui se revoit jeune garçon et qui souffre encore (avec un sens de l'humour consommé) de ses déboires de bricoleur lorsque par exemple il procéda à  l'élaboration du portail d'entrée de la maison familiale en compagnie de son père.

Ce malheureux réfractaire à toute activité matérielle est, entre temps, devenu un employé modèle dans une galerie d'art parisienne. S'il n'est pas devenu le cinéaste qu'il s'était mis au défi (devant ses parents) d'être un jour, il a néanmoins accédé au monde de l'art (contemporain) et côtoie des amateurs hélas, peu éclairés, bien plus mondains que connaisseurs.

Le soir, c'est une habitude, il rentre à pied chez lui et redécouvre Paris comme un vrai provincial. A l'hôtel Lutetia, il s'installe au bar à des heures indues et ce soir-là, un certain Jean-Claude Van Damme s’assoit près de lui. Ce type de rencontre appartient à celles où l'on se livre sans ambages car l'on est plongé au cœur de la nuit avec un ou plusieurs verres d'alcool derrière soi et  le temps, dès lors, n'existe plus.

De quel pied repartira notre homme après cet intermède rétrospectif ? Que peut-on garder d'une conversation à bâtons rompus avec un acteur de film de Kung fu ? Avec une dose d'humour supplémentaire Jean-Claude Lalumière nous entraîne sur une pente sensible et raffinée qui s'était révélée à la lecture de son premier roman Le front russe sur lequel nous reviendrons bientôt.



* Didier Eribon a publié en 2009 aux éditions Fayard un récit autobiographique qui  restituait son "ascension" sociale et intellectuelle au regard de ses parents, de sa ville, bref de ses origines.

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