vendredi 31 octobre 2014

Le linge sale de RABATE et GNAEDIG

Le linge sale de RABATE et GNAEDIG aux éditions Vents d'Ouest, 19.50 Euros

Quelques cases suffisent à donner le ton de cette BD qui prône avec une ironie mordante et pourtant réaliste l'univers carcéral. Doucement, on s'oriente vers le personnage essentiel de l'histoire, un homme froid et déterminé, nanti d'une culture de lettré acquise durant les vingt ans qu'il a passé en prison.
Son exemplarité derrière les barreaux a payé mais derrière ses lunettes d'homme sans histoire demeure une idée vengeresse entretenue tout le temps de son incarcération. Aujourd'hui, cet homme sans qualités rumine une passion qui l'a auparavant rendu aveugle. Cette passion a pour nom Lucette (nous sommes en France, dans le dénuement d'une campagne proche de Cholet).
Lucette a refait sa vie avec l'homme qui, vingt ans avant, était son amant, un escroc à la petite semaine, chef d'un clan où chacun est toujours plus misérable que son prochain. C'est avec eux que Lucette dorénavant vit. Les répliques vont bon train dans Le linge sale et on ne sait qui d'Audiard (Touche pas au grisbi) ou du Splendid (Le père Noël est une ordure) l'emporte comme référence, toujours est-il que ces chez gens-là on ne manque d'aplomb. La vulgarité est exposée ici comme de la viande crue et cela en devient fascinant.
L'homme sorti de prison a vite fait de retrouver Lucette et ses acolytes. Il est hors de question qu'il refasse la même erreur qu'il y a vingt ans. Cette fois-ci, il va calculer, il va prendre son temps et ne pas tirer à l'aveugle et se tromper de cible lamentablement, comme il l'a fait la dernière fois. En effet, il avait débarqué dans la chambre d'un hôtel où il avait cru prendre sur le fait Lucette et son amant. Erreur fatale qui lui fit abattre dans l'obscurité, deux innocents qui batifolaient gaiement avant qu'il ne s'introduise dans leur chambre et fasse un mauvais carton. 
BD noire au possible, Le linge sale nous envoie chez ceux qui font le plus de peine à voir, les "losers", dans une France au plus bas, et on y croit...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire