samedi 26 octobre 2013

Bandoneon de Jorge Gonzalez

Couverture Bandoneon de Jorge GONZALEZ aux éditions Aire Libre, 24 euros.

Bandoneon est une affaire de dessins et de caricatures fatalement associée à la dictature, celle que connut l’Argentine tout au long du 20ème siècle. C’est au départ de Gênes que Jorge Gonzalez inaugure son histoire en 1919. On y voit une foule ramassée sur un quai comme on en voyait quant un bateau s’en allait vers l’autre continent, l’Amérique. Ces visages, nez levés, vus de dos et de profil sont repris le dessin d’après, cette fois vus d’en haut et de face, le regard de l’illustrateur s’étant déplacé du quai au bateau, embarqué. C’est monumental, le dessin s’apparentant à une esquisse, à la fois précis et inachevé. La traversée, le bateau, l’Italie, l’enfance recomposée dans une couleur de papier jaunie en peu de mots sinon des dialogues confus comme le souvenir et l’exil.
C’est l’histoire d’Horacio qui nous est contée, de son arrivée en Argentine, enfant à Buenos Aires dans l’univers musical, interlope et fatal du Tango.
Horacio apprenti pianiste mais talentueux est détecté par le bandoneiste Vicente, gros homme remplissant les cases de Jorge Gonzalez jusqu’à les déborder, gros homme d'où suinte une expression tragique uniquement lorsqu’il joue de son instrument dans des bouges de la capitale parmi les prostituées et d’autres musiciens, compagnons d’infortune. Horacio l’accompagne un soir, il n’a pas dix ans et la mère du garçon disgracie Vicente, ce voisin à qui elle avait donné sa confiance. Mais il est trop tard, Horacio devient un pianiste magistral que l’on réclame jusqu’à New-York et qui choisi par amour et ambition une toute autre voie, visant la fortune et l’élévation sociale plutôt que le talent et la passion de son art.
A l’arrière de ce destin, Jorge Gimenez a bâti l’histoire de Buenos-Aires jusqu’aux années soixante, ville nocturne, brutale et sexuelle et a donné à sa BD un air de chef-d’oeuvre.

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