samedi 26 novembre 2011

Chet Baker pense à son art

Chet Baker pense à son art de Enrique VILA-MATAS aux éditions Mercure de France.
















Il y a chez Vila-Matas une bonne dose de mélancolie sur la façon d’aborder son existence, notamment lors de cet exercice de Traits et portraits de la belle collection du Mercure de France, créee et dirigée par Colette Fellous et où de grands noms sont venus apposer déjà leur signature (Le Clezio, Guyotat, N’Diaye voire Alechinsky…).
Pour commencer, une chanson - Belugosi’s dead - hante les pensées de l’auteur, son Ipod contient toutes les différentes versions connues de lui… Est-ce vrai ?
A la lecture de cet autoportrait, un glissement narratif s’effectue et les frontières s’atténuent entre le réel et la fiction, le réalisme et l’imaginaire, la certitude et l’incertitude, somme de tout ce qui constitue l’homme Vila-Matas.
Enrique Vila-Matas, pour ceux qui l’ignoreraient, répond promptement au titre de critique littéraire. On sait également qu’il a beaucoup publié, la littérature étant toujours chez lui un sujet central. Le fait d’avoir choisi Chet Baker pense à son art  en tant que titre, est justifié quelque part au détour d'une de ses pensées sur la condition de créateur. Selon lui, celle-ci prend racine dans les distinctions fondamentales qui, en littérature, sépare le narratif du non-narratif...
Monsieur Hire de Georges Simenon et Finnegans Wake de James Joyce font ici figures d’exemples afin d'illustrer cette confrontation. Très vite Vila-Matas penche du côté de Finegans avant de surprendre son monde lors d'un récit plus ou moins rêvé d’un voyage à Turin où, dès lors, tout semble se brouiller, le temps, l'espace et la réalité devenant soudainement cotonneux au coeur d'un univers côtoyant aussi bien Hire que Finnegans.
Les illustrations échelonnées tout au long du livre accentuent ce versant intranquille de l’auteur qui apparaît lui-même à deux ou trois reprises notamment quand, vers l’âge de dix ans, on le découvre plongé dans un livre qui sembe l’engloutir tout à fait.
On ne sait au final quoi retenir de cet homme, critique littéraire de profession, doté d'un esprit  balloté par une farandole d’auteurs dont on peut questionner le pouvoir éclairant. Une chose cependant, Vila-Matas est un lecteur d'exception.

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