vendredi 4 janvier 2019

SEROTONINE de Michel HOUELLEBECQ

SEROTONINE de Michel HOUELLEBECQ aux éditions Flammarion, 22 euros.

L'année commencera donc avec Michel Houellebecq fraîchement nommé chevalier de la Légion d'Honneur. A chaque livre, l'écrivain semble prendre une importance toujours plus considérable. Sérotonine, tel un médicament miraculeux, se réclame depuis de nombreux jours, avant sa sortie, dans les librairies. Nous apprendrons le rôle de cet agent suspect qui fait titre au livre et subséquemment agit à notre insu dans nos corps.

Mais pour commencer, un dénommé Florent-Claude se présente à son lecteur qu'il croit sans doute son semblable. Cet homme de quarante-six ans vit aujourd'hui seul avec son passé plutôt lourd à l'évocation de sa vie sentimentale. Son errance qui a débuté en Espagne aux côtés d'une jeune Japonaise qu'il va quitter d'une manière inédite le transporte depuis Paris vers la Normandie où il enchaîne les résidences provoquant un intéressant itinéraire touristique.

C'est là, dans cette belle région normande que les considérations de Florent-Claude prennent leur essor. Au demeurant médiocre mais nanti d'une coquette somme, il pourrait s'assurer une confortable existence s'il n'y avait en lui une dépression profonde que n'arrangent pas ses quelques fréquentations qui apparaissent au personnage plus tragiques encore que lui-même.

Une interrogation, que tout lecteur est en droit de se poser, est la connaissance hautement littéraire de l'individu. Peut-on citer Theodor Fontane d'un air nonchalant ? Faire semblant d'ignorer tel "barde communiste" ?  Exagérer une confusion entre un Zadig et Voltaire et un Blaise et Pascal ? Faire en quelque sorte le malin avec une culture qui détonne beaucoup au vu du comportement de notre homme qui ne fait jamais trop état de ses lectures sauf à la toute fin lorsqu'il se lance dans une lecture crépusculaire de La montagne magique de Thomas Mann. Son approche dédaigneuse de la littérature qui est mise au même niveau que les services d'un hôtel ou d'un fromage (notre héros a travaillé pour l'agriculture) est ennuyeuse même si l'humour houellebecquien demeure l'un des attraits principaux du livre avec le sexe évidemment. Sur le sexe justement, mieux vaut laisser juges ceux qui d'expérience savent ô combien Michel Houellebecq écrit au plus près de certaines mœurs sexuelles occidentales. Cette fois, peut-on dire, le catalogue est complet.

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