samedi 12 septembre 2015

La saison des bijoux d'Eric Holder

La saison des bijoux d'Eric HOLDER aux éditions du Seuil, 18,50 Euros.

Depuis quelques livres déjà - depuis son installation il y a une dizaine d'années ou plus dans ce qu'il a joliment nommé "De loin, on dirait une île" - Eric Holder publie régulièrement des romans "médocains". Ces chroniques des gens d'ici (ou presque) dans lesquelles l'écrivain s'est souvent mis en scène ont toujours suscité la curiosité.
L'auteur consacré et néanmoins atypique dans le paysage - cette fois littéraire - français a su conserver la sympathie d'un lectorat sensible à ses personnages, notamment féminins, qu'il dépeint avec tendresse, humour et un attachement qui continue de le distinguer des générations advenues depuis sa propre émergence au milieu des années quatre-vingt.

Cette fois-ci encore, La saison des bijoux s'est fait remarquer avec l'épisode jugé incongru par quelques critiques, au sujet du personnage de Jeanne dont le passé tourmenté et dévoyé obligea son compagnon et désormais mari, Bruno, à l'attacher dans une cave pour la "désintoxiquer" des pulsions qu'elle avait contractées en empruntant malgré elle le tragique chemin de la prostitution. Voilà donc ce qui offusqua les juges du pouvoir de l'imagination mais nous sommes là très loin du projet d'Eric Holder même si l'épisode en question est central pour appréhender l'atmosphère régnante au cœur du roman.

Carri est une station balnéaire entre Soulac et Lacanau. Un marché florissant s'y installe à la belle saison, appelée aussi celle des touristes. Jeanne et Bruno y accèdent pour la première fois pour y vendre des bijoux, ils ne connaissent personne mais ne tarderont pas à rencontrer le "tenancier" du cru, Clergeaud, qui régente les affaires locales. "Parrain" incontournable, Clergeaud est le "protecteur" du marché de Carri et s'assure, de ce fait, que chacun paie bien les services de sa protection.
Ainsi est posée la problématique des marchés de plein air tenus à maints endroits par quelques personnes du même acabit et dont bon nombre de marchands sont bien obligés de s'accommoder.

Eric Holder s'attache à nous montrer cette part humaine présente autour des tréteaux et des remorques, des camions et des fourgonnettes qui le temps d'une grande matinée étalent les produits les plus variés dans le bruit et aussi la fureur régie par l'argent.

La saison des bijoux est une reconstitution fantastique de ce monde aux frontières de la marginalité et de la clandestinité. La galerie de portraits aussi importante soit-elle ménage une intrigue assez noire mais les gens heureux chez Holder sont omniprésents et vivent pleinement leur rencontre avec l'océan, le sable et la forêt dont l'auteur est, avec évidence, un très grand amoureux.

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