vendredi 28 décembre 2018

L'homme semence de Violette Ailhaud

 L'homme semence de Violette Ailhaud aux éditions Parole, 
8 euros

Avant le grand flot de nouveautés de janvier 2019, nous vous proposons de finir cette année 2018 sur un texte plus ancien édité par les éditions Parole en 2006.
Un petit témoignage édifiant écrit en 1919 par Violette Ailhaud qui, constatant que son village est une nouvelle fois vidé de tous ses hommes au crépuscule de la première guerre mondiale, revit encore le traumatisme de se retrouver dépourvue de leur présence:

"J'avais 16 ans en 1851, 35 ans en 1870 et 84 aujourd'hui. A chaque fois la République nous a fauché nos hommes comme on fauche les blés. Mais nos ventres, notre terre à nous les femmes, n'ont plus donné de récolte. A tant faucher les hommes, c'est la semence qui a manqué".

C'est dans les Alpes de Haute-Provence que vivent les femmes décrites par Violette en 1852. Leurs moitiés sont parties, et ce manque laisse place, après les larmes, à une colère grandissante face à cette injustice. Les femmes du village décident alors de prêter serment. Une promesse, un accord tacite qui les lie, et qui consiste à définir leur attitude et leur mission si un homme revient parmi elle. Ces règles visent à les discipliner, elles qui baignent tant dans le regret, l'attente et la rancœur qu'elles pourraient perdre le contrôle si jamais la silhouette d'un être humain de sexe masculin venait à se dessiner à l'horizon. Et surtout, le serment répond à une inquiétude profonde: et s'il n'y avait plus d'hommes du tout?

Le bruit des pas d'un inconnu survient alors qu'elles ne l'attendaient plus. Le moment de mettre en pratique leur accord est arrivé, et c'est à Violette que revient la lourde tâche d'accueillir et recevoir cet individu...
En quelques pages la force des mots à la fois spontanés et chantants de Violette Ailhaud fait de ce texte un beau témoignage sur les femmes restées dans l'ombre à chaque appel et enrôlement dans un conflit. 
La richesse de ce récit repose aussi sur l'histoire même de cette parution: en 1925, à la mort de l'auteur, celle-ci laisse une lettre qui ne doit être ouverte qu'en 1952, soit un siècle après les événements. Elle doit être ouverte impérativement par une jeune femme de sa lignée, ayant entre 15 et 30 ans. C'est Yveline qui se trouvera en possession du texte, à 24 ans, en 1952, portant avec elle ainsi l'héritage féminin et féministe instauré par Violette Ailhaud.






Les carnets de guerre de Louis Barthas 1914-1918 illustrés par Fredman

Les carnets de guerre de Louis Barthas, 1914-1918, adaptation graphique de Fredman, aux éditions La Découverte, 24.90 euros.

L'année 2018 a été marquée par la célébration du centenaire de la fin de la première guerre mondiale. Parmi les récits de guerre les plus poignants sur cette période se situe celui du caporal Louis Barthas, envoyé au front en 1914. L'excellente adaptation que Fredman en a faite valorise la grande qualité littéraire de ces carnets rédigés tout au long du conflit.
Artisan tonnelier dans l'Aude,  Louis Barthas nous livre un récit au cœur des tranchées, sans lésiner sur les horreurs dont il a été le témoin. Mais il va au delà en nous livrant un regard sur l'absurdité des ordres venus d'en haut et la façon dont lui et ses compagnons de guerre font face aux imprévus et tensions permanentes, tout cela avec un certain sens de l'humour et un recul remarquable pour un homme qui vit la guerre "de l'intérieur".
Grâce à un dessin qui plonge le lecteur dans un univers sombre et boueux, les mots de Louis Barthas prennent une nouvelle dimension.

Les grandes personnes d'Elisabeth Brami et Zelda Zonk

Les grandes personnes d'Elisabeth Brami et Zelda Zonk aux éditions Talents Hauts, 14 euros.
Grandes personnes s'abstenir! Si toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire, en voici quelques unes qui remettent les adultes à leur place. Mais rassurez-vous, ceci est dans le but de laisser plus de place aux enfants, à leurs questionnement sur l'existence, à leurs émotions et leurs rêves.
Illustrées par Zelda Zonk, certaines vérités sont très parlantes:

"Les Grandes Personnes n'arrivent plus à dessiner, peindre, sculpter, chanter, inventer des poèmes aussi bien que les Petites Personnes. On dirait qu'en grandissant, elles ont perdu leurs pouvoirs".

Ou encore, dans l'actualité:

"Les Grandes Personnes dépensent plein d'argent pour acheter des cadeaux aux Petits Personnes, et puis s'étonnent de les voir jouer avec l'emballage qui est bien plus marrant".

C'est donc avec humour (grinçant!) que ce petit ouvrage s'adresse aux "PP"(Petites Personnes) autour de 8 ans désireuses de s'émanciper et de comprendre davantage le monde tordu et parfois absurde des plus grands. Un bon cadeau à offrir à ses enfants lorsque l'on veut trouver les bons mots pour expliquer ce vaste sujet qu'est la vie, et leur rendre un grand service!



Lune pâle de William R. BURNETT

Lune pâle de William Riley BURNETT aux éditions Actes Sud, 22 euros.

Une histoire de Cow-boy pense-t-on à l’entame de Lune pâle
D’une rencontre entre deux individus au milieu d’un paysage immense et rocheux où le soleil tape fort. L’un des deux d’ailleurs est à l’agonie. On le croirait mort, allongé de tout son long au bord d’un puits d’eau. 
Découvert par son futur acolyte qui lui porte secours avant de chercher ensuite à devenir son ami. 
Le premier s’appelle Doan Packer et le deuxième est surnommé Crip. Ils vont faire route ensemble jusqu’à San Miguel que Crip a hâte de rejoindre car il en connaît bien l’histoire tout comme celle des Starr qui dirigent sans partage cette ville. Jake Starr surtout, maire bienfaiteur qui peut se révéler tyrannique. 

Mais d’abord, Doan et Crip font une halte dans un pueblo. Nous sommes tout près de la frontière mexicaine et de nombreux mexicains vivent à cet endroit. Il y a aussi des ânes qui attendent d’être montés par ceux qui souhaitent rejoindre le nid d’aigle de Santa Agua, village d’une ancienne mine qui appartient à la famille Starr. Voici qu’une petite troupe de cavaliers vient justement changer de monture pour grimper vers les hauteurs de Santa Agua. Parmi eux, Opal, la fille de Jake Starr. Cette métisse mi-indienne, mi-mexicaine détecte la présence de Doan qui, sous ses yeux, est parvenu à calmer des chevaux que personne n’avait réussit à faire avant lui. Alors qu’elle passe devant Doan, Opal lui glisse son cigarillo dans la bouche. Doan va le conserver comme un talisman. 

Ce premier épisode de Lune pâle se savoure comme un western « à l’ancienne ». Si William Riley Burnett a notamment contribué à inscrire la légende de l’ouest au cinéma (Terreur Apache en tant que scénariste), il était également attiré par le polar. Lune pâle en prend d’ailleurs très vite le chemin. 
Publié en 1956, ce roman contient la panoplie complète du genre et si les coups de feu sont comptés ils n’en sont pas moins déterminants.

Doan Packer est un personnage à l’épaisseur tragique. Lorsqu’il arrive à San Miguel, son histoire a débuté ailleurs bien avant et le fait de le trouver au bord de la mort dans le désert de l’Arizona n’est pas un hasard. Sa deuxième vie à San Miguel emprunte les mêmes sillons que celles qu’il a mené dans le nord des États-Unis au temps où il était avocat et impliqué dans la vie politique. 

Cette affaire qui s’active à San Miguel où l’amour s’avère fatal est une description de l’Amérique à un tournant de son existence. L’Ouest n’est bientôt plus, on en a fini avec les indiens et l’arrivée du chemin de fer attisera la venue de nouveaux colons, de la démocratie et des idées progressistes. 

Les vieux fourneaux T.5 Bons pour l’asile de Lupano & Cauet

Les vieux fourneaux T.5 Bons pour l’asile de Lupano & Cauet aux éditions Dargaud, 12,00 euros.

Le succès des Vieux fourneaux ne se dément pas pour la très bonne raison que la série demeure excellente, bien installée dans le ton de la contestation anarchique et menée par une horde hilarante de retraités sans foi ni loi.  

Tout débute cette fois par un happening devant l’ambassade de Suisse à Paris où Pierrot, l’un des trois Pieds Nickelés nouvelle génération imaginée par Lupano et Cauet, contribue à une farce dantesque qui met en scène de pseudos ultra-capitalistes réclamant l’asile politique au pays des banques.

Dans le même temps Mimile et Antoine débarquent à Paris pour assister au match de rugby France-Australie. Antoine doit auparavant se rendre, avec son arrière-petite-fille Juliette qui l’accompagne, à un rendez-vous que lui a donné sa petite-fille Sophie. Dans le bar où lui et Juliette se rendent, son fils, à qui il ne parle plus, se présente. Ils auraient, tous deux, la charge de Juliette le temps d’un week-end, les prévient par texto Sophie, mère de l’enfant. 

Pendant ce temps-là Pierrot et ses amis sont embarqués par la police pour une garde à vue qui s’annonce longue mais que des retrouvailles incongrues avec une ancienne disciple de Pierrot vont soudainement modifier. 

Quant à Emile, dès lors livré à lui-même dans un Paris qui lui est étranger, il se désespère d'aller au match sans ami, non sans avoir auparavant fait la rencontre de Fanfan mère de tous les combats contre l’injustice faite aux migrants.

Ce carambolage d’aventures tient cependant parfaitement la route. Cauet et Lupano œuvrent avec une stupéfiante et exaltante concordance. C'est une horlogerie de haute précision que l’on découvre avec un plaisir intense, les yeux éblouis et le sourire aux lèvres. Chapeau bas !



Norman n'a pas de super-pouvoir

Norman n'a pas de super-pouvoir de Kamel Benaouda aux éditions Gallimard jeunesse, 14.50euros.

Ce roman est lauréat du concours du premier roman jeunesse, organisé par Gallimard jeunesse, Télérama et RTL.

Le problème de Norman, c'est qu'il n'est pas comme les autres.
Depuis que la fièvre bleue a contaminé l'humanité, chaque être humain est doté d'un pouvoir, une compétence particulière, un don ou une marque distinctive. Cela peut aller de la télépathie à la capacité à détecter le sentiment amoureux chez quelqu'un. Chacun vit avec son pouvoir, ce qui rend chaque être unique et original. 
Cependant, Norman est persuadé de ne pas en avoir. Il met ses amis Agathe, Franck et Jibril dans la confidence, et alors qu'il doit passer le test pour détecter et définir ses pouvoirs, il se fait porter pâle, puis doit inventer un plan machiavélique pour éviter l'épreuve, et cacher au monde entier qu'il n'a rien pour les impressionner.
La vie au collège et chez lui devient très compliquée, tout le monde l'attend au tournant... 

Dans ce roman drôle, intelligent et passionnant, l'auteur Kamel Benaouda nous plonge au cœur de l'univers des super-héros pour mieux montrer leurs limites. Dans un monde où nous avons besoin de modèles, Norman est là pour nous rappeler avec humour que la véritable originalité se situe en nous et non à travers nos actes, nos performances et notre esprit de compétition. 

Un roman à mettre entre toutes les mains des jeunes et grands ados, pour qu'ils acquièrent très vite le pouvoir d' être eux-mêmes.






vendredi 14 décembre 2018

Tea time de Noël 2

 

Pour continuer de profiter en douceur des fêtes de fin d'année,

La Librairie Générale 

 poursuit son cycle de dégustations

avec la Torréfaction d'Arcachon

Mercredi 19 Décembre

Dès 10 heures venez déguster un thé de Noël pour tout achat à la librairie.

Une invitation pensée sous le signe de l'amitié qui nous lie aux bienveillants officiants de cette institution de qualité.

Le dernier roi soleil de Sophie DES DESERTS

 Le dernier roi soleil de Sophie DES DESERTS, aux éditions Fayard, 20 euros.

Voici un an nous apprenions la mort de Johnny Halliday et - hélas pour lui car il trouvait de mauvais goût de mourir avant un chanteur - Jean d’Ormesson aussi nous quittait quasiment en même temps que celui qu’on appela jusqu’au bout « l’idole des jeunes ». 

Idole, Jean d’O, l’était lui aussi devenu. Jean d’O oui car c’est ainsi qu’il est nommé durant tout le livre de Sophie Des Deserts, une  ancienne journaliste du Nouvel Obs désormais officiante pour Vanity Fair. 
Idole sur le tard parce que sa vieillesse l’avait embelli et que ses ventes de livres, qui dépassaient allègrement les centaines de mille, réjouissaient les éditions Gallimard au point de l’avoir mis, de son vivant, dans la prestigieuse collection de la Pléiade. 

Plus intéressante probablement est la lecture de cette relation entre la journaliste et l’illustre écrivain, une relation de près de quatre ans qui permit à Sophie Des Deserts d’approcher son sujet d’étude chez lui dans sa maison parisienne de Neuilly et d’entendre des confidences que Jean d’Ormesson lui réservait ou plutôt finit par lui concéder à mesure qu’il acceptait de considérer cette femme comme une biographe potentielle.

Mais que réserve donc au final ce livre ? Il peut se résumer comme le parcours plutôt chaotique d’un homme bien né qui joua de sa séduction au point qu’un jour elle faillit et le fit bannir d’une partie de sa famille. Mais la vie de Jean d’Ormesson fut toujours placée au cœur d’une société que l’on peut estimer extrêmement riche. Jean d’Ormesson n’épousa-t-il pas une héritière du fortuné Beghin roi de l’industrie sucrière ?

Très jeune Jean d’Ormesson se considéra comme un écrivain en dépit du jugement moqueur qu’il reçut à ses débuts, y compris par ses amis les plus proches. Son entrée au journal Le Figaro avec l’appui de son nouveau patron Robert Hersant, qui le propulsa au poste de directeur, activa sa passion pour la politique avec une haine  prononcée contre les « socialos-communistes » hardiment contrebalançée par une entente cordiale avec François Mitterrand. 

Le récit de Sophie Des Desert, que l’on perçoit discrète dans la façon dont elle progresse au cœur de la famille de l’écrivain, est une succession de voyages ou de résidences à Venise, en Corse ou en Suisse sur les pentes neigeuses où Jean d’Ormesson skiait sans relâche. Le livre serait un peu vain si la journaliste ne touchait au but quant elle s’efforce de comprendre la complexité sentimentale de Jean d’Ormesson.
Telle est sans doute la grande vérité de cet homme qui se sachant séducteur en usa jusqu’à la corde. 
De là, fourmillent les anecdotes car l’homme était connu et se montrait beaucoup. 


Sophie des Deserts a saisi avec justesse les éclaircissements voulus par un homme qui se savait aussi bien double qu’obscur. La vie de Jean d’Ormesson fut certainement très agréable mais ce grand propagateur du bonheur ne fut lui-même pas aussi bien nanti de cet état si enviable qu’il s’évertuait à décrire. Sophie des Deserts l’a, semble t-il, parfaitement lu entre en les lignes.

Visions japonaises de Jean-Paul Alaux

Visions japonaises de Jean-Paul Alaux du Bassin d'Arcachon au Pacifique de Christel Haffner Lance, éditions La Librairie Générale 38 euros:


Au début du XXe siècle, le Bordelais Jean-Paul Alaux crée l'une des œuvres les plus originales exécutées  autour du Bassin d'Arcachon. Sous l'influence du japonisme, qui a complètement bouleversé les canons esthétiques occidentaux, il compose un album rassemblant douze estampes d'une exquise délicatesse et d'une belle harmonie chromatique. Ses Visions japonaises érigent le Bassin en véritable paradis, coloré et lumineux, intact et poétique. Lui-même reconnaît avoir été "hanté" par les estampes d'Hokusai et Hiroshige. En résonance avec l'âme du Japon, son interprétation "exotique" et intemporelle nous invite à partager son enthousiasme inconditionnel: "Arcachon résume tous les pays du monde!".
Quelques années plus tard, ayant cédé à la tentation de parcourir les îles polynésiennes, il conçoit un second album de douze estmapes japonisantes, toutes reproduites ici pour la première fois. Ses rêves d'un ailleurs lointain pénétré de calme et de volupté sont soutenus par l'exaltation de la couleur et de l'ambiance tropicale. Authentique humaniste, Jean-Paul Alaux exprime ses émotions à travers ses visions, fruits de l'observation et de l'imagination, qui ne prétendent délivrer d'autre message que la célébration de la nature, "loin des bruits de notre monde tourmenté"...
Ce livre abondamment illustré déroule une parenthèse de quiétude entre Atlantique et Pacifique.

L'enfant maudit de Galandon et Monin

L'enfant maudit de Galandon et Monin aux éditions Bamboo-Grand Angle, 19.90euros


C'est en assistant à la révolte de mai 68 que Gabriel se réveille. Travailleur à l'usine et jusqu'ici très en retrait, il se sent prêt, en voyant cette insurrection, à faire la sienne. Et cela passe par l'affrontement de son passé. Abandonné à la naissance par ses parents adoptifs puis plus tard dès la mort de ses parents adoptifs, Gabriel rejoint Paris pour être auprès de sa seule famille, Camille, son amie d'enfance. Étudiante, elle donne un sens à sa vie. Mais alors que celle-ci commence justement à vivre indépendamment de lui, Gabriel se voit dans l'obligation de creuser les tunnels qui mènent à ses vrais parents, aux douleurs de l'enfance et aux incompréhensions qui l'ont toujours habité.
Ce travail sur ses origines mène le lecteur à la fin de la seconde guerre mondiale où les relations tendues entre Français et Allemands sont à l'origine de tous les non-dits sur sa naissance.
Une très bonne Bande-Dessinée sur la place de la femme et le rôle de mère, mais aussi sur les ravages que peut faire une violence qui ne s'exprime jamais.




Maman d'Hélène Delforge et Quentin Gréban

Maman d'Hélène Delforge et Quentin Gréban aux éditions Mijade, 20euros.

Que l'on soit maman ou pas, on ne peut qu'être touché par la beauté de cet album qui honore l'amour d'une mère pour son enfant. Entre petites anecdotes du quotidien et moments de poésie sur ce lien si fort, l'illustration nous invite à une rêverie sur ce que nous-mêmes nous avons ressenti dans notre enfance lorsque nous étions bercés, transportés et nourris.
La place de la mère est aussi envisagée à travers de beaux portraits de femmes dans le monde entier, qui témoignent de cet amour en dépit de toutes les épreuves qu'elles peuvent vivre au quotidien.
Cet album est à lire et à contempler, c'est une jolie réflexion sur la filiation, sur ces enfants dont le premier mot est bien souvent maman, mais qui, bien au delà, recherchent la douceur et la protection d'un parent.

Au royaume des insoumis de Pascal Manoukian

Au royaume des insoumis de Pascal Manoukian aux éditions Erick Bonnier, 15 euros.

"Il est des conflits qui enfantent une génération de journalistes. L'invasion de l'Afghanistan par les troupes soviétiques a été de ceux-là. Elle a bouleversé ma vie, m'a chevillé l'envie de témoigner au corps. J'ai tout aimé, tout de suite. Le bon et le mauvais."

Par cette phrase Pascal Manoukian introduit parfaitement ce que sera ce carnet de reportage, retraçant son expérience en Afghanistan de 1979 à 1989. Un récit "à vif" illustré de photos prises "sur le vif" qui rendent un témoignage unique sur ce conflit. Unique même si, comme il le dit, toute une génération de journalistes s'est emparée du conflit. Pascal Manoukian a quant à lui été un des premiers sur le terrain, en première ligne pour assister à l'invasion soviétique.
Il montre que le conflit en Afghanistan a avant tout été une guerre d'armes, les insurgés s'étant en effet petit à petit approvisionnés en munitions performantes grâce aux pays les soutenant. Auprès des insurgés, il est témoin de cette organisation et cette stratégie pour lutter contre les Russes, les Afghans étant depuis toujours un peuple qui ne se laisse jamais envahir, qui a toujours réussi dans son histoire à faire barrage à toute forme de prise de pouvoir par les pays étrangers. 
Malgré les épreuves que va traverser Pascal Manoukian, il se sait "au bon endroit, au bon moment". Et à sa place pour dénoncer les horreurs et absurdités auxquelles il assiste, soulignant la responsabilité des États-Unis dans la naissance des groupuscules terroristes, et ce avant que le 11 septembre 2001 ne se retourne contre eux.
Les photos qui accompagnent le récit sont donc celles de ces "insoumis", que l'auteur a prises avec un argentique, donnant aux clichés une spontanéité et une urgence, essentielles pour rendre compte de ce conflit majeur de cette fin de XXe siècle.

Pascal Manoukian lui-même sera présent parmi nous mercredi 12 décembre à 18 heures, à l'hôtel Ville d'Hiver, pour partager avec ses lecteurs cette expérience passionnante de reporter de guerre et d'écrivain.
Et il nous parlera bien sûr également de son dernier roman paru aux éditions Seuil Le paradoxe d'Anderson qui fut un des livres incontournables de cette rentrée littéraire et pour lequel nous avions déjà eu un coup de cœur que vous pourrez retrouver ici .



Mausart

Mausart de Thierry JOOR et Gradimir SMUDJA aux éditions Delcourt, 14,50 euros.

Voici un vrai petit conte de Noël pour entamer le mois de décembre avec quelques références tirées ici et là de l'univers mondialement connu du Maus d'Art Spiegelman.

Mais ne voyons pas trop d'emprunts là où il  n'y aurait qu'une délicieuse histoire de la vie d'un musicien transformé en petite souris.
Tout commence avec un piano, celui sur lequel joue Antonio Salieri, musicien-loup de la cour royale d'Autriche, un piano que lui emprunte le jeune Wolfgang, le petit génie de la famille Mausart qui habite, et pour cause, à l'intérieur du piano.

Antonio Salieri est un bon musicien, apprécié par Wolgang lui-même mais le roi, et surtout la reine, ayant tous deux entendu une magnifique musique sortie de la pièce où Salieri joue réclament que cette musique soit mise à l'honneur lors du jour très prochain de l'anniversaire de la reine. Bien embêtant pour Salieri qui se sent incapable de reproduire cette musique qu'il sait pertinemment jouée par cette diablesse de souris nommée Mausart.

Adressons une note spéciale au dessinateur Gradimir Smudja  pour la chaleur de son dessin, pour l'imaginaire déployé qui nous renvoie au meilleur des contes pour l'enfance.




Jungle d'Elena Selena

Jungle d'Elena Selena, éditions Gallimard Jeunesse, 25 euros:


Voilà un fabuleux livre pop-up, fait de découpes ciselées plus envoûtantes les unes que les autres et aux couleurs flamboyantes! Elena Selena, qui avait déjà réussi un très bel ouvrage avec Jardin bleu, réitère ici en nous offrant une véritable œuvre d'art qui peut s'adresser à un très large public. Les plus jeunes pourront ainsi entrer dans la promesse d'une jungle des plus fabuleuses où les oiseaux s'envolent, le vent souffle dans les feuillages, où la rivière devient cascade et où le plus royal des animaux de la jungle avance pas à pas... Mais les adultes pourront tout autant être ravis par la précision d'orfèvre des découpes et seront pris sans aucun doute eux aussi sur le chemin de cette très belle promenade poétique!

Un magnifique album à s'offrir ou à offrir pour Noël surtout quand on sait que nous aurons le plaisir de retrouver Elena Selena au Salon de Littérature Jeunesse d'Arcachon des 16 et 17 Février 2019 !



vendredi 30 novembre 2018

Tea Time de Noël

Pour glisser doucement dans l'esprit festif de Noël,

La Librairie Générale 

 poursuit son cycle de dégustations

avec la Torréfaction d'Arcachon

Vendredi 7 Décembre

Dès 10 heures venez découvrir la boisson (chaude) offerte à toute personne effectuant un achat à la librairie.

Une invitation pensée sous le signe de l'amitié qui nous lie aux bienveillants officiants de cette institution de qualité.

Le bruit du dégel de John Burnside

Le bruit du dégel de John BURNSIDE aux éditions Métailié, 22 euros.

A l’évocation de l’éditrice Anne-Marie Métailié (qui aura trente ans d’activités en 2019), l’Amérique latine aussitôt surgit. Ce serait passer sous silence un travail de longue haleine sur de grands noms de la littérature allemande, portugaise, italienne, scandinave et écossaise. 

Keith Dixon dirige la Bibliothèque écossaise constituée de chefs-d’œuvre aussi impérissables et éclectiques tel le mythique et visionnaire Lanark d’Alasdair Gray, l’insolite et fascinant Young Adam d’Alexander Trocchi, le splendide et poignant Poinçonneur Himes de James Kelman ou encore l’intense et historique Sunset song de Lewis Grassic Gibbon.

A l’ombre de ces géants, John Burnside est un écrivain porteur d’une œuvre singulière qui débuta en France avec l’étrange et glaçante Maison muette et continua par de régulières traductions jusqu’à Scintillations, son livre jusqu’ici le plus connu. 

Le bruit du dégel qui a paru à l’automne ne vient nullement démentir le grand talent de cet auteur, il semblerait au contraire l’amplifier. 

La prose de John Burnside a la douceur de ses deux principaux personnages que sont Jean Culver et Kate Lambert. Deux femmes représentant l’état psychologique d’une Amérique provinciale pourvue d’une réflexion apaisée et néanmoins critique sur l’histoire de leur pays. 

Jean Culver est une femme âgée d’une petite ville de Virginie qui vit dans une maison très différentes de ses voisines. La végétation de son jardin y est plus dense au point que l’on croirait qu’elle vit au fond des bois. Le jour où Kate Lambert lui rend visite, Jean Culver coupe du bois.

Kate Lambert se présente comme une enquêtrice travaillant pour un cinéaste, son ami Laudrits, artiste expérimental qui l’a envoyé dans les rues de la ville pour recueillir des histoires. 

En pénétrant chez Jean Culvert, Kate Lambert ignore qu’une profonde amitié va se tisser avec cette femme qui accepte de lui confier quelques histoires en rapport avec sa vie. Elles décident de se revoir dans un café que fréquentent Jean Culver ainsi que d’autres gens à la fois discrets et singuliers. 

Commencent alors les révélations de Jean Culver à propos de sa famille et d’elle-même. Kate Lambert qui sent combien sa propre vie se trouve dans une impasse s’imprègne de ces histoires. 

Le bruit du dégel est une musique apaisante et bienveillante qui s’écoule à la sortie de l’hiver. De la glace en train de fondre.

John Burnside y fait apparaître une série de personnages, pudiques et attentionnés, à la recherche d’une cohérence au cœur d’un pays où la violence demeure toujours et malgré tout tapie quelque part.

Cyberfatale, si ça sort, on est morts de Clément OUBRERIE & CEPANOU

Cyberfatale, si ça sort, on est morts de Clément OUBRERIE & CEPANOU aux éditions Rue de Sèvres, 15 euros.

Diantre! Une bande dessinée aurait contrarié les sphères les plus hautes de la sécurité française y compris l’éminent constructeur national d’avions militaires. 
Voilà ce que nous a révélé, il y a quelques semaines, un journal satirique bien connu. 

Vérification faite, Cyberfatale plonge effectivement dans l’univers, parait-il, ultra-protégé de la défense nationale. 
Le Balardgone est le (nouveau) siège du ministère de la défense où s’échinent 24h/24h dans une salle remplie d’écrans les surveillants du cyberespace qui protègent la France des cyberattaques. Sont-elles russes ? chinoises ?« barbues » ? américaines ?

Une petite nouvelle débarque un matin dans cet univers. Affublée du grade de lieutenant elle se plie au rituel du cross matinal. En petites foulées, elle entend de drôles de conversations énoncées dans un langage HTML où les acronymes déterminent ou non une appartenance au monde cyber. Signalons, si besoin, qu’un glossaire a été glissé à la fin de l’ouvrage et permet, selon ses propres motivations, un repérage au cœur de cette redoutable jungle langagière. 

Notre débutante vit cette expérience comme un rêve. Le lieu décidant de la bonne marche du monde. 
Une de ses supérieures, plus aguerrie, lui confie en aparté, le temps d’une descente en ascenseur vers les sous-sols sacrés, qu’en tant que femme promue dans un monde de machos, ne jamais sourire et, mieux, faire la gueule est une règle. De plus, il faudrait qu’elle cesse de se mettre au garde à vous à tout bout de champ.

Dans ce sanctuaire du grand secret, tout irait pour le mieux, si, pour quelques secondes, juste assez pour créer une tempête, une apparition du président de la république en slip kangourou sur les écrans du Balardgone ne sidérait nos amis de la cybercontre-attaque. Loufoque et sans aucun doute volée, l’image est une provocation venue de nulle part mais avec un pouvoir de destruction massif à l’encontre de ceux chargés de la sécurité nationale. 
Il va falloir rendre compte auprès de l’Elysée de cet affront. 

Il s’agit d’un simple amuse-bouche au vu de l’affaire bien plus sérieuse qui va s’ensuivre au large de la Méditerranée orientale où une mission aérienne se prépare depuis le porte-avion de la marine française.

Un avion décolle en direction de la Syrie mais son pilote perd soudainement le contrôle de son appareil et doit se poser en urgence sur une route déserte en Turquie au milieu d’un troupeau de brebis. Que s’est-il passé ? Comment récupérer l’appareil et son pilote ? Comment ne pas ébruiter cet incident au moment où se négocie la vente d’une cinquantaine de ce type d'avions en Inde ?
Cette fois, c’est certain, une cyberattaque a bien eu lieu. 


On peut comprendre que l’on se soit ému en haut lieu du scénario proposé par Cyberfatale. L’aspect risible de l’affaire est parfaitement entretenu. Les protagonistes tout galonnés qu’ils soient sont croqués comme de grands enfants jouant dans une cour d’école que l’on trouvera un peu spéciale mais le contenu de leurs jeux reste à l’évidence le même. 



Les riches heures de Jacominus Gainsborough

Les riches heures de Jacominus Gainsborough de Rebecca Dautremer aux éditions Sarbacane, 19.50euros.

Le dernier album et l'univers de Rebecca Dautremer nous laissent sans voix, mais nous allons quand même devoir vous parler des Riches heures de Jacominus Gainsborough. L'ambition de l'auteur était de nous parler d'un sujet aussi vaste que commun: la vie. De quoi est faite justement la vie de Jacominus, depuis le moment où ses petites oreilles de lapin ont vu le jour, jusqu'à l'instant fatidique de sa mort? Vous pensez bien qu'une vie de lapin peut être extraordinaire, surtout quand on a une grand mère extra, des amis tous aussi présents et attentionnés, des parents bienveillants malgré leurs failles. Une vie faite de joies et de peines, de concessions, de renoncements, de courage, et surtout de rêveries, de rires partagés, et d'espoir. 
Chaque page de cet album est un émerveillement, une découverte d'un univers animal aux couleurs marquées et marquantes, avec des regards tantôt vifs, tantôt graves. De quoi nous faire rêver à notre tour, et apprécier notre propre vie, qui est tout aussi extraordinaire.



Le Grand Débat au théâtre Olympia, c'est ce week-end!


Il s’agit d’une série de débats animés par philippe LAPOUSTERLE, ancien rédacteur en chef de RMC, autour des thèmes de société qui agitent nos consciences: philosophie, religion, libre opinion…
Sur scène : 
Philosophes, écrivains, observateurs de notre temps s’expriment autour de leurs derniers ouvrages.
Participez à ce rendez-vous et rencontrez ceux qui font l’actualité.
Au programme :
Vendredi 23 novembre, 18h : Nina Bouraoui « Tous les hommes désirent naturellement savoir »

Vendredi 23 novembre, 19h15 : Alexandre Adler « Le temps des apocalypses »

Samedi 24 novembre, 15h30 : Laure Adler « Dictionnaire intime des femmes »

Samedi 24 novembre, 16h45 : Fabrice Lhomme « Inch’allah : l’islamisation à visage découvert »

Samedi 24 novembre, 17h45 : Raphaël Glucksmann « Les Enfants du vide. De l’impasse individualiste au réveil citoyen »

Vendredi 23 et samedi 24 novembre
Événement gratuit: Les débats se déroulent sur la scène du Théâtre Olympia. Ils seront suivis de rencontres-dédicaces à l’espace Arlequin.
En partenariat avec la Librairie Générale et la Librairie des Marquises
Tél. 05 57 52 97 97

Le coeur converti de Stefan HERTMANS

Le cœur converti de Stefan HERTMANS aux éditions Gallimard 21,50 euros.

Vigdis Adelais et David Todros étaient de jeunes amoureux à Rouen en l’an 1070. Tous deux sont issus de familles aisées. Elle était la fille d’un des hommes influents de la ville, un descendant des vikings. Il était le fils du rabbin de Narbonne et il était venu étudier auprès des grands érudits de la ville de Rouen qui abritait alors une importante communauté juive. 

Vigdis et David amorcent ainsi une histoire parvenue jusqu’à nous grâce à deux parchemins retrouvés en Égypte  près de l’ancienne et aujourd’hui disparue synagogue de la ville (qui s’appelait alors Fustat). Les découvreurs ont mis à jour un lieu où s’entassaient des textes où était écrit Yahvé (le nom de Dieu) et que les juifs s’interdisaient de détruire. Les deux parchemins qui, parmi beaucoup d’autres, sont partis à destination des plus prestigieuses universités (dont Cambridge) sont deux trésors du patrimoine juif. 

L’histoire que reprend Stefan Hertmans de David et Vigdis est donc vraie. 
 Stefan Hertmans procède à une description de ce début de millénaire hanté par d’incessantes annonces de fin du monde et du retour de Satan. L’insécurité se propage à travers les campagnes et accompagne les deux héros qui ont fui Rouen. 

Vigdis Adelais par amour a choisi d’adopter la religion de David Todros. Choix rarissime car les juifs vivaient repliés sur eux-mêmes car ils étaient la cible de nombreuses persécutions. Le père de Vigdis a d’ailleurs tôt fait de lancer des chevaliers aux trousses des fugitifs qui vont, à pied, rejoindre Narbonne où les attend la famille de David. 

Il n’est pas souhaitable de dévoiler plus loin les épreuves qui attendent Vigdis et son futur époux. Stefan Hertmans lui-même ménage le suspense et dévoile avec un grand sens romanesque les différentes séquences de son récit. Minutieux, il se rend, quelques mille ans après Vigdis et David, à Rouen, à Clermont-Ferrand, à Narbonne mais aussi à Monieux le village du Vaucluse (où il réside l’été). Il va au plus près des monuments encore présents que Vigdis a peut-être vus. Stefan Hertmans s’est très fortement attaché à son héroïne dont l'histoire lui procure des émotions qui exacerbent son imagination. 

Le coeur converti est un grand voyage éblouissant vers un temps éloigné que l’on sent prodigieusement vivant.  

Le port des marins perdus de Teresa Radice et Stefano Turconi

Le port des marins perdus de Teresa Radice et Stefano Turconi aux éditions Glénat, 22 euros.Traduit de l'italien par Frédéric Brémaud.

Les lecteurs avertis reconnaitront les deux auteurs de cette Bande-Dessinée qui ont déjà fait l'objet d'un coup de cœur sur ce blog, pour Un amour minuscule. Dans ce dernier, nous suivions l'histoire d'un amour mis à l'épreuve par les guerres et les fantômes du passé.
Dans Le port des marins perdus, nous retrouvons cet densité de lecture au service d'une autre époque, celle des guerres napoléoniennes vues par le côté anglais, dans le domaine maritime. 

Alors qu' Abel, jeune homme aux traits lisses et innocents, se réveille sur une plage en ayant perdu la mémoire, il se remet très vite au travail en tant que mousse à bord du navire L'Explorer, au service du capitaine Roberts qui l'a pris sous son aile. Il se révèle au fil des jours très efficace malgré son jeune âge, doté de bons instincts de marin, solidaire avec ses compagnons, capable de jouer du violon comme personne, et même de faire tomber la pluie! Se posent alors les questions inévitables: qui était-il avant de perdre la mémoire?
Alors qu'il commence cette longue quête de soi sur la mer, il devra se confronter à la terre pour l'élucider. C'est à Plymouth que les marins posent le pied pour aller à la rencontre du monde, se ravitailler et profiter des plaisirs de la chair. C'est aussi pour Abel le moment de faire la rencontre de quatre femmes qui changeront sa vie à jamais: trois sont les filles d'un certain Abel Reynold Stevenson, la quatrième tient une sorte de maison close, et révèlera à Abel la clé du mystère lié à son existence.

La puissance du Port des marins perdus tient à cette richesse des relations humaines, qu'elles soient amicales, amoureuses, maternelles. L'accent du dessin est mis sur ces regards, ces non-dits, cette rage qui anime les personnages au moment où se scelle leur destin. Pour accompagner cette lecture, de nombreuses références à de la poésie et des chants plongent le lecteur dans une ambiance simplement géniale, faisant de cette Bande-Dessinée un ovni que les auteurs eux-mêmes appellent, à juste titre, "opéra graphique".


Aspergus et moi de Didier Levy et Pierre Vaquez

Aspergus et moi de Didier Levy et Pierre Vaquez aux éditions Sarbacane, 17.50 euros.

Le "moi" du titre est une souris qui travaille dans le cabinet d'artiste du grand peintre Franz Aspergus. Ils sont nombreux à apporter leur aide à la réalisation de ses peintures: assistants peinture, assistants couleurs, huiles, pinceaux, encadreurs, etc. Mais Aspergus est un chien taciturne qui crée sans passion, las de son succès:

"Moi, vois-tu, j'aimerais ne plus savoir peindre. Pour peindre à nouveau comme un enfant, tu comprends ça?"

Retrouver l'envie d'oser et renouveler sa création est alors la nouvelle mission du petit héros qui propose à Franz Aspergus de drôles de façons pour être ranimé par le plaisir de peindre. A mesure de ces épreuves, une amitié se crée entre les deux, tandis que les œuvres d'Aspergus prennent une tonalité inattendue...

Les enfants à partir de 6/7 ans adoreront découvrir cette histoire sur la perception de l'art, tout en observant la technique qui est utilisée pour les dessins: Pierre Vasquez procède en effet à un travail de gravure remarquable appelé "manière noire" qui fait surgir sur du noir une belle lumière sur les personnages. 
Aspergus et moi a obtenu cette année le prix Landerneau jeunesse, qui récompense cette jolie création!