Cyberfatale, si ça sort, on est morts de Clément OUBRERIE & CEPANOU aux éditions Rue de Sèvres, 15 euros.
Diantre! Une bande dessinée aurait contrarié les sphères les plus hautes de la sécurité française y compris l’éminent constructeur national d’avions militaires.
Voilà ce que nous a révélé, il y a quelques semaines, un journal satirique bien connu.
Vérification faite, Cyberfatale plonge effectivement dans l’univers, parait-il, ultra-protégé de la défense nationale.
Le Balardgone est le (nouveau) siège du ministère de la défense où s’échinent 24h/24h dans une salle remplie d’écrans les surveillants du cyberespace qui protègent la France des cyberattaques. Sont-elles russes ? chinoises ?« barbues » ? américaines ?
Une petite nouvelle débarque un matin dans cet univers. Affublée du grade de lieutenant elle se plie au rituel du cross matinal. En petites foulées, elle entend de drôles de conversations énoncées dans un langage HTML où les acronymes déterminent ou non une appartenance au monde cyber. Signalons, si besoin, qu’un glossaire a été glissé à la fin de l’ouvrage et permet, selon ses propres motivations, un repérage au cœur de cette redoutable jungle langagière.
Notre débutante vit cette expérience comme un rêve. Le lieu décidant de la bonne marche du monde.
Une de ses supérieures, plus aguerrie, lui confie en aparté, le temps d’une descente en ascenseur vers les sous-sols sacrés, qu’en tant que femme promue dans un monde de machos, ne jamais sourire et, mieux, faire la gueule est une règle. De plus, il faudrait qu’elle cesse de se mettre au garde à vous à tout bout de champ.
Dans ce sanctuaire du grand secret, tout irait pour le mieux, si, pour quelques secondes, juste assez pour créer une tempête, une apparition du président de la république en slip kangourou sur les écrans du Balardgone ne sidérait nos amis de la cybercontre-attaque. Loufoque et sans aucun doute volée, l’image est une provocation venue de nulle part mais avec un pouvoir de destruction massif à l’encontre de ceux chargés de la sécurité nationale.
Il va falloir rendre compte auprès de l’Elysée de cet affront.
Il s’agit d’un simple amuse-bouche au vu de l’affaire bien plus sérieuse qui va s’ensuivre au large de la Méditerranée orientale où une mission aérienne se prépare depuis le porte-avion de la marine française.
Un avion décolle en direction de la Syrie mais son pilote perd soudainement le contrôle de son appareil et doit se poser en urgence sur une route déserte en Turquie au milieu d’un troupeau de brebis. Que s’est-il passé ? Comment récupérer l’appareil et son pilote ? Comment ne pas ébruiter cet incident au moment où se négocie la vente d’une cinquantaine de ce type d'avions en Inde ?
Cette fois, c’est certain, une cyberattaque a bien eu lieu.
On peut comprendre que l’on se soit ému en haut lieu du scénario proposé par Cyberfatale. L’aspect risible de l’affaire est parfaitement entretenu. Les protagonistes tout galonnés qu’ils soient sont croqués comme de grands enfants jouant dans une cour d’école que l’on trouvera un peu spéciale mais le contenu de leurs jeux reste à l’évidence le même.