La librairie a le plaisir de vous inviter à rencontrer Dominique Sigaud mercredi 17 octobre
16h30: dédicace à la librairie
18h: rencontre à l'Hôtel Ville d'Hiver
Dans nos langues de Dominique SIGAUD aux éditions Verdier, 14,80 euros.
Connait-on Dominique Sigaud ?
Dans nos langues est la meilleure façon de faire connaissance, d'apprendre d'elle, de ses ressentis.
Enfant,
avec cette chose unique qui nous est donnée à tous, la langue, elle a
reçu, entendu, échangé cette part fascinante de l'humain. Cet
enregistrement primaire qui (re)surgit tout au long de ce livre inscrit
ce dernier dans un acte d'écriture majeur.
C'est
par sa mère que Dominique Sigaud reçoit ses premiers enseignements. Une
intonation inhabituelle de la part de celle qui, à l'âge de trois ans,
lui parle et la protège. Cette fois-là, l'enfant comprend que sa mère,
en s'adressant à une voisine, a changé sa voix. Une demande, sans doute,
un peu gênée, redevable, et voilà l'enfant saisi pour la première fois
par une chose jusque là ignorée et qui va l'accompagner sa vie durant,
le langage.
Le
rapport au père, difficile, lui vaudra d'entamer une analyse. Des
études littéraires la mèneront vers des carrières différentes, à Paris
bien sûr. Le journalisme, enfin, l'enverra au Liban dans les années
quatre-vingt puis en Algérie en 1990, en ex-Yougoslavie en 1992, au
Soudan, au Rwanda, bref, on comprendra que Dominique Sigaud s'est rendue
en des lieux où massacres, famines et autres cataclysmes humains se
sont déroulés.
Mais
Dominique Sigaud, par l'ensemble des livres qu'elle a publiés, des
articles qu'elle a rédigés à titre indépendant, s'est toujours attachée à
restituer une langue, celle des offensés comme celle des offenseurs.
Les gamins d'Algérie torturés, les affamés du Soudan, les militaires du
Rwanda, les chrétiens de Beyrouth-est et les musulmans de
Beyrouth-ouest, cette intrépide reporter les a rencontrés et a
retranscrit leur langue qui témoigne.
Dans
cette vie sous tension dont on ne peut tout dire en quelques lignes, il
n'est pas question d'économie de moyens, le livre tenant en une
centaine de pages, mais d'une aptitude littéraire hors norme.
Conçu
dans l'adversité, la langue émancipatrice de Dominique Sigaud a compris
son pouvoir et l'importance de sa maîtrise. Il lui faut remonter à
Marguerite Duras et L'homme assis dans le couloir, pour reconnaître la langue personnelle d'un auteur et saisir sa liberté et son intelligence.
Voilà l'héritage qui a constitué Dominique Sigaud écrivain.