Quatre par quatre de Sara MESA aux éditions RIVAGES
"Quatre par quatre", pour le lecteur qui entame ce
roman, demeure un mystère permanent. Ce sont trois mots destinés à être
oubliés, enterrés et, pour tout dire, emmurés jusqu'à ce qu'ils soient sortis de
leur obscurité puis ressassés comme une comptine qui, à la fin du livre, énoncent enfin leur vérité.
"Quatre par quatre" est aussi une formule toute simple
qui sert à définir un espace mental et géographique enfoui au cœur d'un
collège définit comme l'un des meilleur sinon le meilleur d'Espagne. Une institution de
luxe, un modèle d'éducation retiré du monde, vivant en vase clos.
Traduite pour la première fois en France, Sara Mesa
commence par introduire l'univers du collège avec les voix de quelques uns de
ses élèves confrontés aux règles strictes de l'établissement et que certains
cherchent à contourner, à biaiser ou encore s'en accommodent et réalisent tout
compte fait ce qui est implicitement attendu d'eux.
La deuxième partie du livre fait apparaître une nouvelle
voix, adulte, qui oriente le roman vers un suspense censé éclairer les
coulisses du collège. L'homme qui raconte est un nouvel arrivant, un professeur
de littérature venu remplacer un collègue souffrant. Il tient le journal de son
passage dans le collège du premier au dernier jour. L’ordinaire du collège, la
personnalité de ceux qui le dirigent et le font vivre rythme le journal qui
révèle en premier l'imposture de son auteur qui n'est pas un vrai professeur
mais un écrivain qui s'est fixé comme but de cacher le plus longtemps possible
son identité.
La tension de Quatre par quatre est tenue par le risque
encouru d'être découvert à tout moment.
Cette odyssée dans le monde de l'éducation trouble à plus
d'un titre jusqu'à sa fin surprenante et dérangeante. L'auteur s'inscrit
d'emblée parmi les créateurs manipulateurs, obsédants et fabuleusement
inventifs.