L'inconnue de Bangalore d'Anita Nair

L'Inconnue de Bangalore, Anita Nair, Albin Michel, 22€

Un tueur en série terrorise Bangalore. L'agent Gowda, flic bourru, est chargé de l'affaire. Il doit faire équipe avec un jeune agent, naïf et ambitieux.

Dans ce roman noir, Anita Nair prend le contre-pied de l'Inde chatoyante et épicée. Elle invoque, pour le lecteur, les divinités les plus cruelles du panthéon indien, celles qui font et défont les existences.

C'est dans ce décor de ténèbres, où tout n'est qu'apparences et faux-semblants, que les deux enquêteurs vont devoir combattre leurs propres démons pour pouvoir terrasser celui qui recouvre la ville d'un voile sanglant!



La constellation du chien de Peter HELLER

La constellation du chien de Peter HELLER aux éditions Actes Sud, 21,90 euros.

Un aéroport d’une ville américaine abrite deux reclus rescapés d’une épidémie qui a certainement décimé une grande majorité de la population humaine.

Ils sont deux à alimenter un quotidien que la terre a ralenti et ils se sentent menacés. L’un est chasseur, pêcheur (cueilleur ?), l’autre est armé jusqu’aux dents. Leur relation s’est établie au lendemain de la catastrophe et demeure une relation de circonstance. Hig, le premier, sait piloter un avion, en l’occurrence un vieux Cessna qu’il approvisionne avec du kérosène toujours disponible sur l’aéroport. Le deuxième, Bangsley, octroie une protection au premier à condition qu’il lui fasse la cuisine et surtout qu’il sécurise, à bord de son avion, un périmètre équivalent à un jour de marche en prévoyance des incursions qui fatalement adviendront puisqu’elles se sont déjà produites.

Jamais le monde n’a été aussi dangereux. Il y a ceux qui cherchent des armes et de la nourriture, ils errent à travers les villes désertées ou dans les montagnes et les forêts. Il y a ceux qui ont trouvé un lieu qu’ils sont prêts à défendre becs et ongles tel Hig et Bangsley. Il y a enfin les intouchables, ceux qui ont contracté la maladie et qui sont parqués dans des villages et que l’on fuit. Hig leur rend visite régulièrement et leur donne de la nourriture et des vêtements qu’il retire des hypermarchés vides. Hig est accompagné de Jasper, son chien, son seul ami. De ce décor de fin du monde, Hig représente une humanité dépossédée d’un monde qui a cessé d’exister. Hig, plus que tout, aimait pêcher les truites et les rivières n’en contiennent plus..

Le ciel antérieur de Mark GREENE

 Le ciel antérieur de Mark GREENE aux éditions du Seuil, 19 euros.

Le ciel antérieur contient trois récits qui se chevauchent et restituent des évènements liés à la vie d’un écrivain, Marc Williams, qui a tenté une expérience de phalanstère dans un camping désaffecté au fin fond du Forez dans le Massif Central.

Marc Williams a quitté Paris pour Clermont-Ferrand où l’accueille un couple ayant aimé  son premier roman.

Pierre Orangel par son refus de publier le troisième roman de Marc Williams, est, en partie, responsable de ce départ.

Félicia Lascaux, romancière à succès, est devenue brièvement l’amante de Marc Williams pour mettre fin à une relation soumise avec un homme très influent des médias.

Pierre Orangel revient sur son travail d’éditeur ainsi que sur certains faits de sa vie amoureuse et homosexuelle.

Marc Williams élabore l’ idée d’un atelier d’écriture situé en un lieu coupé du monde.

Pierre Orangel s’interroge sur Marc Williams.

Félicia Lascaux ressent une influence de Marc Williams.

Les tours de passe-passe ne manquent pas dans ce singulier roman. En se jouant de la chronologie et en érigeant une forme de pensée sur l’écriture, Mark Greene suit une ligne constituée de confidences amères, drôles et cocasses où l’inattendu reste en suspend.

Que ce soient les errements de l’éditeur, les troubles de la romancière ou la recension des travaux de ce gourou des lettres qu’est devenu Mark Williams, on apprécie la coulée des phrases au classicisme bienveillant.

Le milieu littéraire, sans être véritablement malmené, est révélé par l'entremise de pratiques obscures voire clandestines. Si l’écriture érigée dans le secret est la potion magique de la création littéraire, l’isolement absolu est requis car la mise à jour et le dévoilement sont interdit ou nié.

Marc Williams, face au refus de son éditeur, oppose une frappe symbolique sur la chose publiée. La vérité n’est pas dans les livres, elle est en amont, dans des carnets où s’écrit l’intime et demeure utopique.

Lancement de l'Aquitaine se livre à la librairie!

L'Aquitaine se livre est une manifestation nomade sur l'ensemble du territoire aquitain lors de laquelle les libraires indépendants mettent à l'honneur les éditeurs et les auteurs liés à la région, en organisant rencontres, débats, expositions, vitrines... afin de permettre la découverte ou redécouverte de livres.

Nous avons le grand plaisir cette année d'organiser le coup d'envoi de cette manifestation et à cette occasion nous avons décidé de célébrer les 20 ans des éditions Gaïa, spécialisées dans la littérature essentiellement scandinave mais installée dans les Landes. Susanne Juul, l'éditrice, présentera alors en quelques mots sa maison d'édition et expliquera son travail, ses choix de la lecture des manuscrits à la diffusion du livre en librairie.

Et pour donner un écho musical à cette fête du livre en Aquitaine, nous aurons également la joie d'accueillir Eskelina Svanstein, auteur, compositrice et interprète dont vous pouvez écouter la voix ample et chaleureuse sur le lien suivant: http://1d-aquitaine.com/radio.php?artist=139313 . Accompagnée de sa guitare, elle mêlera des textes suédois, français et anglais.

Le tout sera agrémenté d'un buffet pour lequel nous remercions dores et déjà La crêperie La Saison 2 pour son aide précieuse ainsi que le Syndicat Viticole des Graves.

L'organisation de cet événement est assurée par l'association des Librairies Atlantiques en Aquitaine dont nous faisons partie depuis déjà de très nombreuses années et elle reçoit le soutien du Conseil Régional et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles et bénéficie d'un partenariat avec l'Ecla (portail aquitain des professionnels de l'écrit, de l'image et de la musique), la Feppia (fédération des éditeurs et producteurs phonographiques indépendants d'Aquitaine),  Radio France Bleu Gironde, Radio Fip.

Rendez-vous à la librairie le VENDREDI 7 JUIN

à 18h30 !!!

La paupière du jour de Myriam Chirousse

La paupière du jour, Myriam Chirousse, Buchet-Chastel, 22€

Quand Cendrine Gerfaut arrive à Barjouls, elle n'a qu'une idée en tête, se venger de l'homme qui a brisé sa vie vingt ans plus tôt. Mais elle va vite se rendre compte que sous des dehors chaleureux, les habitants de ce petit village de montagne cachent de bien noirs secrets. Dans ce théâtre, où la nature elle-même tire les ficelles du destin, Cendrine va mener une partie d'échecs au terme de laquelle elle trouvera peut-être des réponses à des questions qu'elle ne se posait plus.

Des personnages troublants, un roman mené comme une enquête policière dans une nature flamboyante. La paupière du jour sonde l'âme humaine, pour le meilleur et pour le pire!

Lionel Asbo, l'état de l'Angleterre de Martin AMIS par Monsieur Roudoudou

  Lionel Asbo, l'état de l'Angleterre de Marton Amis, Gallimard, 21 euros.

Féroce, cruel et acide dans ce dernier livre, Martin Amis a décidé de s'attaquer à la classe pauvre et moyenne de l'Angleterre. Là ou Ken Loach tente de magnifier les petites gens, les délaissés, Amis sort la sulfateuse, il dézingue et disperse à tout va.

Le début du livre est très drôle, le jeune Des est élevé par son oncle Lionel, quelqu'un qui à passé un jour sur deux en prison depuis l'âge de trois ans (d'où le nom Asbo pour asocial behaviour orders). Il vit avec ses deux pitbulls nourris de bières pour aboyer plus fort que les rotweillers de son voisin. Il se désole lorsqu'il voit son neveu s'intéresser à la poésie au lieu d'aller casser des vitres mais son neveu a, lui aussi, un vice..

Evidemment il y a suffisamment de décalage pour que l'on ne puisse pas penser que ce personnage existe mais quand même..

Puis survient l'impensable : oncle Lionel joue au loto et gagne... 150 millions d'euros ! Du fond de sa cellule il demande à ses conseillers financiers un taux de plus de 5% sur chaque action et devient la coqueluche des médias. Une fois sorti de prison, il fréquente les palaces qu'il délabre un par un puis tombe amoureux d'une ex-pornostar qui va mettre en scène leur relation pour les médias. Il n'oublie pas non plus sa mère qu'il place en maison de retraite à 39 ans..

Roman sombre dans sa dernière partie, où les héros du livre ne sont pas sauvés, il ne faut surtout pas le lire au premier degré et ne pas le mettre entre toutes les mains. Si l'Angleterre est dans cet état, Martin Amis n'est il pas en train de dresser indirectement un réquisitoire impitoyable contre certains gouvernements passés ?

La Promo 49 de Don Carpenter

 La promo de Don Carpenter, éditions Cambourakis, 17.50 euros

Recueil de nouvelles inédit d’un auteur américain issu de Portland (Oregon), La promo 49 contient le condensé d’une génération en prise avec une nouvelle époque qui a jailli au sortir de la Seconde Guerre Mondiale.

Composé en de courts textes n’excédant pas les trois pages, ce recueil propose une multitude de portraits féminins et masculins confrontés au basculement que provoque la fin des études. Que vont devenir les German Lee, Mike Maloney, Jud Baker, Dick Heil, Lew Heller, Mariettta Tsubrouski, Blaze Cooney, Dorothy Duncan et consorts ? Cette myriade de destins désempare de prime abord par l’impossibilité d’y établir une connexion immédiate mais, peu à peu, outre les croisements successifs des uns et des autres, apparaît un désarroi commun au-devant d’une société qui exige violence et courage.

Tout est parfaitement dissimulé dans les histoires courtes de Carpenter, ses points de vue microscopiques absorbent une vision américaine alcoolisée, sexuelle, accaparée par l’argent et l’orgueil. La désuète série Happy Days contemporaine et portant sur le même sujet, est envoyée dans les cordes par la brutalité des situations que La promo 49 dégage à chaque page.

Oui, la fin de la jeunesse, ou plus justement de l’enfance, fut de tout temps une épreuve douloureuse pour chacun. C’est l’instant où la gravité s’oppose à l’insouciance que semble promettre la montée des désirs et un bonheur que l’on croit assuré. Les désenchantements ne sont pas encore nés mais une sourde inquiétude ravive l’incertitude et le manque de repères au moment d’affronter la vie pour de vrai.

C’est en cela que cette jeunesse de Portland décrite par Don Carpenter est universelle. La chanson Happy Days résonne encore ainsi que tous les nouveaux objets de consommation de cette époque mais le jeu des acteurs a changé.