Federico ! Federico ! de François GARCIA aux éditions Verdier, 16 euros
François Garcia est entré en littérature par la porte des éditions Liana Levi avec Jours de Marché, c’était en 2005. Médecin bordelais avec une carrière bien assise, il obtient une reconnaissance immédiate du milieu restreint de la critique littéraire ainsi qu’une notoriété nouvelle dans sa bonne ville de Bordeaux. En effet, nombreux furent ceux qui reconnurent en François Garcia un formidable mémorialiste puisant dans l’histoire singulière d’une famille, les Lorca, qu’il ne cache pas être la sienne. Bordeaux, avec François Garcia, fut, en quelque sorte magnifiée par la chronique de son quartier le plus populaire, les « Capus » et sa cohorte d’immigrés espagnols issue de la guerre d’Espagne. Jours de marché, c’était aussi la guerre et l’occupation allemande et le roman s’achevait à la libération.
On peut imaginer que François Garcia fut conforté dans son désir d’écrire par l’accueil significatif qui lui fut accordé jusqu’aux meilleures émissions littéraires parisiennes. Confiant, il s’enhardit dans cette tâche nouvelle d’écrivain et publie un second roman autobiographique que les éditions Verdier ajoutent à leur collection Faenas, entièrement tournée vers la tauromachie. On découvre alors un jeune homme travaillé par son destin qu’il pensait accomplir au milieu de l’arène, qui plus est en Espagne. Cet itinéraire, bien que contrarié, est mis en lumière avec le titre Bleu ciel et or, cravate noire, périple d’un étudiant bordelais parti à la conquête de l’Espagne et de ses taureaux.
Désormais installé aux éditions Verdier, François Garcia complète son tableau romanesque bordelais en signant Federico ! Federico ! dont l’ambition se résume à la tonalité de trois voix et de trois destins bien distincts et qui occupent de nouveau un terrain historique. Federico en est, d’une certaine manière, la figure centrale, heureuse et innocente, qui scande jusqu’au bout du livre un "je" juché du haut de ses plus jeunes années au coeur du clan des Lorca, les mêmes qui créèrent l’épicerie de Jours de marché. Ainsi, la voix de Federico alimente les riches heures du quartier des Capuçins de la fin des années cinquante et rend hommage aux autres voix vivaces de la population bordelaise. De ce quartier si particulier sera extirpé Maxime, second personnage essentiel du roman et qui sera envoyé en Algérie où le « problème » ne cesse de grandir.
Enfin,d’Algérie, Karim, troisième et dernier personnage emblématique de cette époque, vient se réfugier dans le cœur de la capitale girondine et grossit, malgré lui, les rangs des indépendantistes algériens ainsi que leurs agissements .Le chevauchement narratif instauré par François Garcia, élargit la vision d’une période et d’une société complexe et infiniment variée. Il fallait cet agencement éclairant pour obtenir de si riches ressorts romanesques qui offrent au final une fresque humaniste et chaleureuse tandis que le drame et la joie demeurent inextricablement liés.